Vidéo/ Leonard Cohen, un nouvel album et une cigarette pour ses 80 ans!

 

Il y a deux ans, pour présenter son album Old Ideas à la presse, Leonard Cohen avait investi un salon de l’hôtel Crillon, à Paris. Mardi, c’est à la résidence de l’ambassadeur du Canada à Londres que le citoyen de Montréal dévoilait les chansons de Popular Problems (Columbia/Sony Music), commercialisées lundi 22 septembre, le lendemain des 80 ans de leur auteur. Avec vingt-cinq pays représentés et une centaine de journalistes présents, la soirée prouvait que l’aura du poète et chanteur demeure inaltérable. «Je vais m’éclipser pendant les trente-six minutes que dure le disque afin de vous laisser grimacer à loisir pendant son écoute », annonça le grand homme, mince, le regard vif, l’élégance intacte.
D’une voix plus grave que jamais, cet immense auteur continue de porter un regard souvent désolé sur notre monde, avec des mots d’une puissance hors du commun. Si Old Ideas était pétri d’ironie, Popular Problems jette un regard plus cru: «Je ne suis pas un auteur politique. Quand j’aborde les conflits et les guerres, ce n’est jamais délibéré », précise-t-il.
Avec son compositeur fétiche

Musicalement, les canevas des chansons se rapprochent plus du blues ou du gospel traditionnels que du folk des débuts de sa carrière ou des climats synthétiques de ses disques des décennies 1980 et 1990. «Il ne s’agit pas de réinventer la roue », explique Cohen, rendant hommage à l’éclectisme de son compositeur fétiche, Patrick Leonard. L’ancien collaborateur de Madonna (sur True Blue et Like a Prayer), qui a aussi travaillé avec Pink Floyd ou Elton John, signe la quasi-intégralité des compositions du maître. «Ma mission est d’apporter des solutions à Leonard Cohen, précise l’Américain. Chacun des textes qu’il m’envoie pourrait inspirer cinq mélodies différentes. J’essaie de trouver la formule qui fonctionne, un peu comme le ferait un éditeur face au travail d’un grand auteur.»
Surprenant, You Got Me Singing, dernier titre du disque, révèle une félicité inhabituelle chez l’auteur de Suzanne ou Sisters of Mercy. «Je dois être un optimiste honteux », décoche-t-il avec la vivacité et l’humour qui le caractérise. «Je ne me sens pas comme une institution, et si c’est le cas, c’est plutôt dans le sens d’hôpital psychiatrique », lâchera-t-il, provoquant l’hilarité de l’assemblée. Humaniste, humble, l’homme annonce par ailleurs avoir déjà complété la moitié d’un prochain disque.
Et si après avoir été escroqué par son ancienne manageuse, l’obligation de donner des concerts pour se refaire une santé financière avait réveillé l’inspiration d’une des plus grandes figures de la musique populaire des cinquante dernières années? «Une fois que l’on admet que notre propre souffrance est identique à celle des autres, alors on peut commencer à vivre une vie raisonnable », déclare le presque octogénaire avant de quitter la pièce. «Ce que je vais faire le jour de mes 80 ans? Je ne sais pas encore, peut-être fumer une cigarette, alors que j’ai arrêté il y a une quinzaine d’années. Vous m’en offrez une?»

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