La France, ma France, est un pays plein d’émotions, de sensibilité, d’harmonie, de traditions et de valeurs. Mais je pourrais en dire encore bien davantage.
Angevin de naissance, je suis devenu vendéen depuis vingt et un ans. En Sud-Vendée romane, c’est la douceur de vivre, pas trop froid l’hiver, chaud – et même très chaud – l’été.
Faymoreau est un petit village de 250 habitants. Il fut, jusqu’en 1958, un village minier où on extrayait du charbon sur sept puits. Aujourd’hui, plus rien ne subsiste que les vestiges d’un passé minier et une ancienne centrale électrique qui fut réquisitionnée en 1943 pour fournir du courant à la base sous-marine de La Rochelle – nous sommes à 40 minutes de ce port -, une ancienne verrerie, des vestiges de lignes de chemin de fer, quelques petites gares aujourd’hui habitées par des familles d’anciens mineurs.
Un centre minier fut érigé en 2000. Il est en cours de réhabilitation par d’importants travaux pour le rendre plus attractif.
Nous avons un hôtel, « l’Hôtel des Mines », pur Art déco ; les ingénieurs et les cadres y séjournaient, les mineurs venaient y danser le samedi soir.
Ces lieux sont chargés d’histoire. Faymoreau s’appelait « Faymoreau-les-Mines », aujourd’hui, c’est « Faymoreau-Bourg », avec le château et l’église Saint-Louis, et « Faymoreau-la-Verrerie », avec trois alignement de corons et la chapelle des mineurs. Plus haut dans le village, les bâtiments administratifs de la mine et la demeure des anciens propriétaire de la mine.
Puis arrive 1958, la crise, le charbon n’est pas d’assez bonne qualité et son extraction coûte cher ; le dernier puits – « le puits Bernard » (700 mètres) – ferme et la population ne va cesser de décroître.
Plus rien ne subsiste de tout cela, mais nous sommes heureux quand même car notre histoire est riche de ce passé prestigieux où le curé buvait le coup avec le communiste, l’athée côtoyais le bourgeois catholique.
Nos quelques monuments, le pont de Fleuriau du XVIIe siècle et refait à l’identique sous lequel coule la Vendée et que nous partageons avec la commune voisine de Puy-de-Serre, la chapelle des mineurs sans clocher mais avec des vitraux superbes réalisés par Carmelo Zagari rappelant le passé des la mine ; l’église Saint-Louis, l’Hôtel des Mines… et la digue construite pour constituer une réserve d’eau afin de refroidir la centrale électrique. C’est aujourd’hui un lieu de promenade, de pêche avec des dizaines de cabanes de pêcheurs sur pilotis.
Et tout près, le marais poitevin, les abbayes de Maillezais, de Nieul-sur-l’Autise. Puis c’est Fontenay-le-Comte, ancienne capitale du Bas-Poitou, avec de nombreux monuments.
Voilà, moi l’Angevin, je suis devenu Vendéen du Bas-Poitou, sans renier mon Anjou. C’est cela, s’intégrer : ne pas renier sa culture et son histoire tout en acquérant et faisant sienne une autre.
Nous aimons notre Vendée, cette Vendée qui a tant souffert de ses choix durant la Révolution. Les colonnes infernales du général Tureau, les massacres des Lucs-sur-Boulogne, l’assassinat – car c’en fut un – de Charette fusillé à Nantes le 28 mars 1796, rien n’enlèvera, que dis-je, n’arrachera à cette Vendée son cœur.
Alain Rivier – Boulevard Voltaire