« Donner suffisamment de corps pour tenir ensemble l’âme ». Lors des Accords du Latran, c’est en ces termes que Pie XI justifie l’importance d’un État indépendant, aussi petit soit-il, afin de soutenir matériellement l’activité spirituelle de l’Église. Sur la carte, l’enclave romaine est avec ses 44 hectares le plus petit État souverain du monde, un cinquième de Monaco. Le Vatican cède cependant cette première place à la principauté si l’on rajoute les dépendances extraterritoriales, comme les 55 hectares de la résidence de Castel Gandolfo par exemple.
La population totale au Vatican s’élève, elle, à un peu moins de 900 personnes. Ni droit du sang ni droit du sol : ici pas de nationalité vaticane, mais un statut temporaire de citoyenneté distribué par le souverain pontife en reconnaissance d’une fonction au service de l’Église. Fait unique, les citoyens du Vatican sont binationaux et moins de 300 y résident. Les autres citoyens sont en service à l’étranger, essentiellement dans les nonciatures apostoliques. On peut dire du Vatican qu’il est le premier pays par sa diaspora et sa représentation diplomatique.
Le Vatican est aussi le seul pays dont la langue officielle n’est plus parlée. Le latin, utilisé à l’oral jusque dans les années 1960, a été peu à peu remplacé par l’italien dans cette enclave de Rome où résident près de 40% de transalpins. Bien d’autres langues sont entendues dans les couloirs des Musées et dans la basilique : avec 18 millions de touristes et pèlerins chaque année, c’est l’État souverain le plus visité par rapport à son nombre d’habitants.
Une monarchie absolue
C’est un de ses nombreux paradoxes : la plus petite armée du monde fait de cet État qui promeut la paix, le pays le plus militarisé puisque 20% de ses citoyens sont des soldats.
Le Vatican est également l’une des sept monarchies absolues du monde. Elle est la seule à avoir aboli la peine de mort. Ce fut même le cinquième pays européen à interdire les exécutions en 1969, 12 ans avant la France et 26 ans avant la Belgique !
Le pays le moins peuplé du monde est encore celui avec la plus forte délinquance : plus d’une procédure civile par résident ! Une criminalité toute relative cependant : les délits sont généralement de simples vols à la tire dont sont victimes les visiteurs de la place Saint-Pierre. En 2016, la gendarmerie vaticane a mis 88 contraventions et constaté 64 accidents de la route. L’infraction la plus grave a été constitué du meurtre du commandant de la garde Suisse et de son épouse en 1998, premier assassinat depuis l’existence de l’État en 1926.
Avec une centaine d’employés religieux et près de 2000 employés laïcs, à 75% des hommes, la bureaucratie vaticane est deux fois plus importante que sa population. Le micro-État dépend pourtant des services publics italiens (électricité, eau, gaz, collecte des ordures ménagères, etc.) Le principal employeur est donc celui des Musées. Il n’y a pas d’entreprise privée et il est impossible d’acquérir des biens fonciers : le Saint-Siège est propriétaire de tous les immeubles du Vatican.
Enfin, plus anecdotique, la consommation d’alcool rapportée à la population vaticane, donne d’étonnantes statistiques. Avec près de 55 litres achetés par personne en 2014, le Vatican se place en tête du peloton, et pas uniquement pour le vin de messe. La raison en est simple : le supermarché détaxé des employés du Saint-Siège et du Vatican, l’Annona, permet aussi de fournir les proches et moins proches. C’est ainsi que, pour 2000 employés, plus de 40 000 cartes d’accès aux magasins sont en circulation à Rome.