Le manichéisme est une religion, aujourd’hui disparue, dont l’initiateur fut le mésopotamien Mani (ou Manes) au IIIe siècle. C’est un syncrétisme inspiré du zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme qui le combattirent.
Par dérivation et simplification tendancieuse du terme, on qualifie aujourd’hui de manichéenne une pensée ou une action sans nuances, voire simpliste, où le bien et le mal sont clairement définis et séparés.
Selon le manichéisme, la Lumière et les Ténèbres coexistaient sans jamais se mêler. Mais suite à un évènement catastrophique, les Ténèbres envahirent la Lumière. De ce conflit est né l’Homme, son esprit appartient au royaume de la Lumière et son corps (la matière), appartient au royaume des Ténèbres.
Cette lutte entre le Bien et le Mal est le fondement du manichéisme. Pour qu’un Homme puisse une fois sa mort arrivée à atteindre le royaume de la Lumière, il faut qu’il abandonne tout ce qui est matériel.
Les élus : qui passaient leur temps à prêcher, pratiquaient le célibat et étaient végétariens. Après leur mort, les élus étaient assurés d’atteindre le royaume de la Lumière.
Les auditeurs : ils devaient servir les élus, pouvaient se marier (mais il leur était déconseillé d’avoir des enfants) et pratiquaient des jeûnes toutes les semaines. Après leur mort, les auditeurs espéraient être réincarnés en tant qu’élus.
Pour que le royaume de la Lumière triomphe sur les Ténèbres, il faut que tous les élus et les auditeurs atteignent le royaume de la Lumière. En réalité, ce n’est pas vraiment un triomphe que les manichéistes recherchent, mais un retour à l’état originel, la séparation du Bien et du Mal. Car selon le manichéisme, il est impossible de triompher du Mal, car le Mal est indestructible. Le seul moyen d’être totalement dans le royaume de la Lumière, c’est de fuir les Ténèbres.
Grâce à la protection de l’Empereur de Perse, Shapur Ier, Mani put prêcher le manichéisme à travers tout le Moyen-Orient. Sa religion s’est répandue plus tard à travers l’Afrique du Nord, l’Europe jusqu’en Gaule et l’Asie jusqu’en Chine.
Saint Augustin fut à l’origine un manichéiste, avant de se convertir au christianisme. Plus tard, il critiqua férocement le manichéisme.
Jusqu’au XXe siècle, le manichéisme était une religion connue principalement à travers les écrits de ses adversaires (comme Saint Augustin). Mais la découverte de plusieurs manuscrits en Algérie et Chine permit de mieux connaître cette religion.
C’est à tort qu’on qualifie aujourd’hui de manichéenne une pensée ou une action sans nuances, voire simpliste. Cet usage ignore manifestement tout de la pensée au contraire très riche et toute en nuances de Mani qui prend précisément en compte la nécessité pour l’homme de cheminer dans un monde que le Bien et le Mal semblent bipolariser.