Ce médiéviste de renom avait dirigé les Archives nationales puis la Bibliothèque nationale de France.
Avec son éternel nœud papillon et son ton affable, il savait raconter dans les médias la vie du poète François Villon comme le Paris du Moyen Âge ou les Papes d’Avignon.
Auteur de très nombreux ouvrages, des biographies de Philippe le Bel, Charlemagne ou du roi René, mais aussi d’études savantes sur La Guerre de cent ans, les contribuables parisiens au XIVe siècle, ou le commerceDe L’Or et des épices, le médiéviste Jean Favier est décédé le 12 août dernier à l’âge de 82 ans.
Issu d’une famille modeste de Saintonge, en Aquitaine, il était sorti major de l’École des Chartres avec un diplôme d’archiviste paléographe. C’est là qu’il avait rencontré sa femme, Lucie, historienne et médiéviste comme lui, décédée en 2003. Membre de l’École française de Rome, il étudiera les Finances pontificales à l’époque du grand schisme d’occident, 1378-1409. Puis, nanti d’une agrégation d’histoire, il entamera une carrière d’enseignant à l’université de Rennes, puis à Rouen, enfin à l’École pratique des hautes études (de 1965 à 1997) et à la Sorbonne (de 1969 à 1997).
UN HOMME ENGAGÉ DANS SON TEMPS
Parallèlement, cet homme qui pensait qu’« un historien ne doit pas être un homme du passé » occupera assez tôt des responsabilités administratives et dirigera notamment les Archives de France puis les Archives nationales, qu’il contribuera à moderniser, de 1975 à 1994. Puis, « à sa surprise », dira-t-il, il se verra nommé par le ministre de la culture d’alors, Jacques Toubon, président de la Bibliothèque nationale de France, de 1994 à 1997, chargé de préparer notamment l’ouverture du nouveau site de Tolbiac en 1995.
En 1993, il avait publié un Dictionnaire de la France médiévale, un rêve de jeunesse, longuement mûri .
Il avait ensuite dirigé chez Fayard la publication d’une volumineuse histoire de France dont il signera le deuxième tome, Le temps des principautés. De l’an mil à 1515.
À l’aise dans les médias, il dirigea la Revue historique de 1973 à 1997 et anima aussi sur France Inter l’émission « Question pour l’Histoire ».
Président de la Commission nationale française pour l’Unesco, membre de l’Académie des belles lettres, ce père de quatre enfants, était aussi un mélomane averti, claveciniste et organiste à ses heures de loisir.