Histoires d’œils de Philippe Costamagna

 

Dans le milieu de l’art, Philippe Costamagna, directeur du Musée Fesch à Ajaccio et spécialiste de la peinture italienne du XVIe siècle, possède ce que l’on appelle un « œil ». Il a attribué avec succès plusieurs tableaux ou dessins dont la paternité était incertaine.

Sa découverte la plus spectaculaire – un Christ anonyme qui était conservé au Musée de Nice –, fut due à un rayon de soleil ayant éclairé, lors de sa visite, les pieds du crucifié. Dans le dessin des ongles, notre « œil » et l’historien d’art Carlo Falciani reconnurent un détail typique du peintre Bronzino.

Aussi palpitant qu’un roman policier

Cette trouvaille et bien d’autres sont contées avec maintes anecdotes savoureuses dans ce livre où le conservateur de musée se mue en détective, doué d’une prodigieuse mémoire visuelle. Philippe Costamagna dresse au passage le portrait truculent de plusieurs « œils » célèbres : depuis Giovanni Morelli, au XIXe siècle, qui inventa la discipline en comparant les mains ou les oreilles peintes, jusqu’à Bernard Berenson, Roberto Longhi ou Federico Zeri, qui s’enrichirent grâce à elle, en travaillant pour des marchands.

Notre conservateur de musée s’interdit, lui, de faire payer ses expertises mais négocie parfois l’achat de ces œuvres pour les collections publiques. Et il apporte sa pierre à l’enquête sur la vaste affaire de faux qui défraie l’actualité depuis la saisie récente d’un Cranach à Aix. Il affirme avoir repéré « un prétendu Salviati et un prétendu Pontormo (…) aux chairs d’une froideur impersonnelle, et au réseau de craquelures du vernis trop systématique ». Ou quand l’histoire de l’art devient aussi palpitante qu’un roman policier…

• Histoires d’œils  de Philippe Costamagna, en collaboration avec Samuel Monsalve, Grasset, 266 pages, 20 euros

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