Je suis timide, mais je me soigne ! Pour Jean-René (Benoît Poelvoorde), patron d’une fabrique de chocolats en perte de vitesse, et Angélique (Isabelle Carré), chocolatière-créatrice de saveurs qui cache son talent derrière un double imaginaire (un mystérieux ermite qu’elle s’est inventé et qui récolte les lauriers à sa place), rien n’est simple dans leur vie.
Recevoir un compliment, décrocher le téléphone, entrer dans un restaurant bondé, inviter une personne du sexe opposé, aller chercher du pain, croiser des gens dans un escalier… pour eux, tout devient une épreuve pire que Fort Boyard. Faut dire que l’un comme l’autre ont un sacré handicap : ils sont des hyperémotifs. Résultat, tout dans leur vie réclame un effort permanent.
Plus stressés qu’un bouddha, à la moindre émotion ils perdent tous leurs moyens, deviennent rouges (au choix) : comme une tomate, un coquelicot, une pivoine, un feu de croisement, un rubis, un steak bleu, une voiture de pompier, voire une alerte maximale.
Jean-René, plus contracté qu’un asticot au bout d’un hameçon, transpire comme un bœuf et se retrouve avec une chemise plus trempée qu’un canard. Selon les situations, Angélique se liquéfie ou ose tout avec le culot d’une timide. Tellement peur des autres et de leur regard, ces deux-là, que s’ils le pouvaient, ils plongeraient dans une piscine sans faire d’éclaboussures. Même les séances chez le psy et les réunions, façon celles des Alcooliques Anonymes, pour Emotifs Anonymes, n’y changent rien.
Deux émotifs maladifs, donc, qui se rencontrent le jour où Angélique, ayant perdu sa place suite au décès de son patron dans la célèbre chocolaterie Mercier, est engagée par Jean-René au poste de commerciale. N’osant avouer à Jean-René qu’elle est la « Troisgros » du chocolat et que ce poste n’est pas fait pour elle, Angélique, plus désemparée qu’une tranche de jambon dans un hamburger halal, accepte malgré tout cette place où il ne vaut mieux pas être du genre coincé.
Comme les timides ont parfois toutes les audaces, Angélique, grâce à un stratagème du genre visioconférence, parvient à mettre en pratique ses talents de chocolatière pour le compte de Jean-René qui, pour le coup, voit son entreprise reprendre du poil de la bête. Qui plus est, leur passion commune pour le chocolat les rapproche et, forcément, ils tombent amoureux l’un de l’autre. D’où une situation inextricable étant donné que maladivement timides et émotifs, ils n’osent se l’avouer. D’hésitations en dérobades, de fuites en emportements incontrôlés, leur histoire d’amour, comme disent les kangourous, n’est pas dans la poche…
Les toqués du chocolat ! En s’inspirant de sa propre expérience d’hyperémotif, Jean-Pierre Améris – qui a lui-même participé à ces réunions pour Emotifs Anonymes ou chacun prend la parole et tente d’exorciser ses peurs – signe une comédie – « musicale » – sentimentale charmante, sensible et stimulante avec des situations de folie souvent cocasses. Au final, un grand-petit (1 h 20) moment de plaisir pour une comédie fondante et onctueuse comme une bouchée de chocolat à déguster et à consommer sans modération !