Surnommée la “Sixtine de l’époque romane” par Malraux, l’église de Saint-Savin possède l’un des plus vastes ensembles de peintures romanes d’Europe, réalisé autour de 1100 pour les moines bénédictins de l’abbaye. Classé en 1840 sur la première liste des monuments historiques, après sa découverte par Prosper Mérimée, cet édifice majeur de Poitou-Charentes est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1983.
À l’époque romane, les peintures recouvrent le porche, la tribune, la crypte, la nef et le chœur. C’est dans la nef, haute de plus de 17 mètres, que se trouvent les décors les plus remarquables. Ils se déploient sur toute la voûte, longue de 42 mètres. À de rares exceptions près, les scènes retracent les épisodes les plus importants des livres principaux de l’Ancien Testament (la Genèse et l’Exode) : l’histoire d’Adam et Ève, d’Abel et de Caïn, de Noé, d’Abraham, de Joseph et de Moïse. 14 scènes ont aujourd’hui totalement disparu et 3 ont été déposées.
Sur les 61 scènes d’origine de la voûte (d’après la distribution mentionnée dans l’ouvrage de l’inventaire sur l’abbaye), 44 sont conservées, dont certaines endommagées et peu compréhensibles.
Les peintures de la voûte sont organisées en cinq frises longitudinales : une frise centrale décorative est entourée de part et d’autre, de deux frises superposées. Les quatre frises figurées mesurent chacune environ 2,50 m de haut. La plupart des personnages sont ainsi plus grands que nature. La répartition et l’espacement entre les scènes sont irréguliers. Les peintres ont parfois inséré de courtes scènes de genre et des éléments décoratifs (des arbres très souvent) entre deux épisodes bibliques.