Un matin, j’étais à l’époque professeur de mathématiques, je suis entré dans ma salle de classe, exténué – faut dire que j’avais joué la veille. Je me suis traîné jusqu’au bureau et là, avant même de commencer la leçon, je me suis assoupi.
Mes élèves, adorables, ont fait silence, ils ont respecté le prof qui dort. On était en 1967, je venais de fêter mes vingt-trois ans et je n’avais qu’une obsession, monter sur scène. Mon professeur de théâtre me disait que je ne ressemblais pas, mais pas du tout, à un jeune premier, que j’avais un loooong nez (ah ce nez!), une démarche sautillante, un air gauche et timide, et une façon d’entrer en scène qui déclenchait les rires avant même que je n’ouvre la bouche.
Et puis, me voilà, cinquante ans plus tard, encore étonné de tous ces rôles, de ces
films, ces pièces, ces merveilleuses rencontres. Me voilà à vous raconter – et encore, je ne vous dirai pas tout! – ce qu’il est advenu du prof de maths plutôt à côté de ses pompes qui rêvait de trois choses: 1° vous faire rire, 2° vous faire pleurer, 3° vous faire pleurer de rire. »