Ca fait un peu beaucoup de dirigeants sans enfants….

L’étrange constat se répand sur les réseaux sociaux comme une traînée de poudre, relayé par de nombreux internautes, troublés : les principaux dirigeants européens actuels n’ont pas d’enfants. Emmanuel Macron, bien sûr, mais encore Angela Merkel et Theresa May, et aussi l’Écossaise Nicola Sturgeon, l’Italien Paolo Gentiloni, le Néerlandais Mark Rutte, le Luxembourgeois Xavier Bettel, le Suédois Stefan Löfven et enfin Jean-Claude Juncker lui-même.

Quelle importance, direz-vous ? Il n’est pas besoin d’être parent pour être compétent. D’aucuns diraient même que cela leur permet de se donner tout entiers à leur pays. Non, bien sûr, il ne s’agit pas d’un vaste complot d’égoïstes « No Kids » ayant décidé tous ensemble de se rendre les maîîîîtres du monde ! Chacun a, bien sûr, des raisons qui lui sont propres – pas d’enfants parce que trop d’investissement politique ou, à l’inverse, un investissement politique parce que pas d’enfants ? -, un parcours personnel et parfois des souffrances : Nicola Sturgeon n’a pas caché avoir fait une fausse couche il y a 6 ans.

Individuellement, cette infécondité ne veut rien dire. Mais collectivement, elle est autrement chargée de sens.

Tout d’abord pour le symbole : nos pays européens vieillissants à la natalité en berne ont des dirigeants à leur image, révélateurs d’un état d’esprit – quelle que soit, encore une fois, l’histoire de chacun – où la vie de famille, la procréation, l’envie de transmettre ne sont pas les priorités. Comme ceux qui les gouvernent, nos nations acceptent de disparaître sans postérité.

Ensuite pour le malaise qui en résulte : alors que l’horizon semble si chaotique, que les peuples ont l’impression qu’une élite décide de leur avenir – et donc de celui de leur progéniture – sans les consulter, comment ne pas soupçonner ces dirigeants qui n’auront pas l’un des leurs embarqué dans l’esquif France – ou Allemagne, ou Italie, etc. – de s’en moquer finalement comme d’une guigne : pourvu que le rafiot tienne encore quelques années, hein… après moi, le déluge !

Enfin, pour les implications concrètes : un enfant vous préserve d’être complètement hors-sol. Vous fait faire l’expérience du don de soi, d’un intérêt supérieur qui prime sur le vôtre, du sentiment de n’être que le maillon d’une chaîne, de l’attachement charnel qui prime sur le sentimentalisme utopique.

 « Je n’ai pas d’enfant moi-même, mais tous les enfants du monde sont mes enfants ! », m’avait lancé sur un plateau de télévision la féministe Isabelle Alonso. C’est joli et touchant, mais ce n’est pas vrai, bien sûr. Nous sommes capables d’empathie pour tous les enfants du monde, mais l’amour qu’une mère porte à ses enfants est un sentiment différent. Car, sinon – pardon de le dire brutalement -, toute mère viendrait hurler de douleur quotidiennement dans la morgue de Necker, devant chaque petit cercueil blanc inconnu.

On le sait – fondamentalisme féministe oblige -, l’expression « bon père de famille » a disparu du droit. Pour satisfaire ces dames dans un esprit de parité, il aurait mieux valu la conserver et lui adjoindre celle de « mère de famille ».

Car tout devrait être mené avec le pragmatisme aimant et prévoyant d’un bon père de famille et d’une bonne mère de famille. Y compris un État. Veillant au grain et au bien-être de chacun, à son épanouissement, à sa sécurité et à celle de son foyer en fermant à double tour sa porte, ce qui ne l’empêche nullement d’accueillir les pauvres gens dans le besoin, pour autant qu’il ne donne pas à ses propres enfants le sentiment de les spolier ou les brimer.

Quand nos dirigeants, qui n’ont jamais fait cette expérience intime-là, semblent n’être que des consultants en management. Et cela, forcément, fait froid dans le dos.

Gabrielle Cluzel- Boulevard Voltaire

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