Pour le secrétaire général de LR, le président d’En Marche ! est « le pur produit du système : beaux quartiers, belles études, belle fortune, belles relations »
Il paraît qu’Emmanuel Macron n’est pas un candidat comme les autres. Il paraît. Et chaque observateur y va de son commentaire pour savoir s’il est de droite, de gauche, socialiste, modéré, centriste… Comme le caméléon, Macron change, se transforme sous nos yeux. De gauche, il l’est évidemment, par son histoire, ses actes, son créateur. Mais, ce qu’il est, surtout, c’est populiste.
Constatons ensemble que l’élection présidentielle qui vient fait la part belle au populisme. Celui de Mme Le Pen est connu, extrémiste, démagogue. Tenter de surfer sur la colère du peuple d’en bas, si possible quand elle est tournée vers l’étranger : assez classique, assez efficace, assez convenu. Le populisme de M. Mélenchon, même hologrammique, est un populisme qui ressemble beaucoup à la révolte communiste des années passées, bien sûr aidée par quelques syndicats et quelques idéologues et un peuple de gauche qui accepte finalement les références à Che Guevara, voire à Fidel Castro. Un populisme de tribun, un populisme véhiculé par l’art oratoire : le populisme camarade.
Et puis enfin, il y a le populisme light, nouveau, à visage humain, comme aurait dit l’autre : le bobopulisme de Monsieur Macron. Un populisme chic, avec un beau sourire, de beaux costumes, une belle histoire. Il dit, comme dans le roman de George Orwell, le contraire de ce qu’il est (« je suis contre le système ») alors qu’il est bien sûr le pur produit du système. On ne fait pas mieux : beaux quartiers, belles études, belle fortune, belles relations.
Heureusement que Hamon a parlé en premier du revenu universel, sinon Macron caméléon, Macron le paradoxe, Macron le démagogue, en parlerait !
Noël avant l’heure. M. Macron ne détaille rien, ne précise rien, ne stabilote rien. Il ne sort jamais de l’ambiguïté. Il promet tout, finance tout, rembourse tout : les lunettes, les prothèses auditives et les soins dentaires ! C’est Noël avant l’heure. Il promet le chômage lorsqu’on démissionnera. Il promet aussi la sécurité lorsque les indépendants n’auront plus d’activité. Il recycle les vieilles lunes socialistes, la police de proximité de Lionel Jospin, les lois pénales de Mme Taubira. Macron considère qu’il faut libérer les énergies, qu’il faut qu’il y ait moins d’impôts mais qu’il faut aider tout le monde ! Heureusement que Hamon a parlé en premier du revenu universel, sinon Macron caméléon, Macron le paradoxe, Macron le démagogue, en parlerait ! Et si les plus sérieux se demandent comment tout cela va être mis en place et financé, d’un revers de la main on les toise : pourquoi attaquer le fils prodigue, pourquoi attaquer celui qui, certes, dit des généralités, mais les dit bien, portant l’espoir de la gauche et de la modernité pour le pays ?
Le bobopulisme c’est la version light, la version Canada Dry de tout ce que l’on connaissait déjà. Il s’intéresse aux citoyens de la mondialisation heureuse. Il est le candidat de ceux qui réussissent et de ceux qui vont réussir. Mais derrière ce populisme, se cache le drame de la France : celui de ne pas dire la vérité aux Français, de ne pas faire de réformes, de ne pas préciser ses intentions. C’est la fin de la Ve République telle qu’on la connaît : M. Macron n’aura pas de majorité, ou alors de circonstances, et cela durera ce que dure les amours de vacances. Loin d’être le remède d’un pays malade, il sera au contraire son poison définitif. Son élection, ce qu’au diable ne plaise, précipiterait la France dans l’instabilité institutionnelle et conduira à l’éclatement de notre vie politique. Alors dans ce vide, le populisme le plus abject arrivera, celui de Mme Le Pen. À n’en point douter.
Gérald Darmanin est maire de Tourcoing et secrétaire général adjoint de LR.