“Le message de Fatima, avec l’appel déchirant à la conversion et à la pénitence, porte en réalité au cœur de l’Évangile”, avait commenté le cardinal Ratzinger, le futur Benoît XVI. Au siècle dernier, des gens du monde entier n’ont eu de cesse d’échafauder des théories, basées sur des suppositions, pour décrypter le message caché dans les « trois secrets » de Fatima. Cependant, Sœur Lucie, l’une des voyantes, confirma qu’elle avait bel et bien reçu une vision mais pas son interprétation. « L’interprétation, disait-elle, ne revient pas au voyant mais à l’Église. » C’est à l’Église d’interpréter les différents signes et symboles de Notre-Dame de Fatima afin de proposer aux fidèles un guide clair pour comprendre ce que Dieu veut révéler.
C’est ce qu’a fait justement l’Église en l’an 2000, lorsque le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a rédigé un long commentaire théologique du fameux « troisième secret ». En clarifiant les signaux et symboles des visions de la Vierge, il a fait un certain nombre de découvertes extraordinaires.
Voici des extraits du commentaire théologique publié en l’an 2000 lors de la révélation de la troisième partie du secret de Fatima et signé par le cardinal allemand.
« Pénitence, Pénitence, Pénitence ! »
La parole-clé de ce « secret » est un triple cri : « Pénitence, Pénitence, Pénitence ! » Il nous revient à l’esprit le début de l’Évangile : « Pænitemini et credite evangelio » (Mc 1, 15). Comprendre les signes des temps signifie comprendre l’urgence de la pénitence – de la conversion – et de la foi. Telle est la réponse juste au moment historique, marqué par de graves dangers qui seront exprimés par les images ultérieures.
Le message central de Notre-Dame de Fatima était donc « Pénitence ». Elle a voulu rappeler au monde l’urgence de s’éloigner du mal et de réparer les dommages provoqués par nos péchés. Telle est la « clé » pour comprendre le reste du « secret ». Tout tourne autour de l’urgence de la pénitence.
« Nous préparons l’épée de feu »
L’ange avec l’épée de feu à la gauche de la Mère de Dieu rappelle des images analogues de l’Apocalypse. Il représente la menace du jugement, qui plane sur le monde. La perspective que le monde pourrait être englouti dans une mer de flammes n’apparaît absolument plus aujourd’hui comme une pure fantaisie : l’homme lui-même a préparé l’épée de feu avec ses inventions. La vision montre ensuite la force qui s’oppose au pouvoir de destruction – la splendeur de la Mère de Dieu et, provenant d’une certaine manière de cette splendeur, l’appel à la pénitence.
Cette partie de l’apparition est probablement la plus angoissante. Dieu, semble-t-il, pourrait nous détruire tous avec une « épée de feu ». Mais, souligne le cardinal Ratzinger, l’ « épée de feu » serait créée par nous-mêmes (comme la bombe atomique par exemple), et non par un feu qui descend du Ciel. La bonne nouvelle est, selon la vision, que l’épée de feu s’éteint au contact de la splendeur de la Vierge, et provenant de cette splendeur, l’appel à la pénitence. Marie a le dernier mot et sa splendeur peut arrêter tous les cataclysmes du monde.
« L’avenir n’est pas gravé sur la pierre »
Est soulignée l’importance de la liberté de l’homme : l’avenir n’est absolument pas déterminé de manière immuable, et l’image que les enfants ont vue n’est nullement un film d’anticipation de l’avenir, auquel rien ne pourrait être changé. Toute cette vision se produit en réalité seulement pour faire apparaître la liberté et pour l’orienter dans une direction positive. Le sens de la vision n’est donc pas de montrer un film sur l’avenir irrémédiablement figé. Son sens est exactement opposé, à savoir mobiliser les forces pour tout changer en bien.
Contrairement à la conviction populaire, les visions intenses proposées par Notre-Dame de Fatima ne sont pas un film sur l’avenir, sur ce qui va se produire. Mais il s’agit d’une prévision de ce qui pourrait arriver si nous ne répondons pas à son appel à la pénitence et à la conversion du cœur, qu’Elle opère. Nous conservons notre libre-arbitre et sommes invités à l’utiliser en vue du bien de l’humanité tout entière.
« Le sang des martyrs est semence de l’Église »
La conclusion du « secret » (…) est une vision consolante, qui veut qu’une histoire de sang et de larmes soit perméable à la puissance de guérison de Dieu. Des anges recueillent sous les bras de la croix le sang des martyrs et irriguent ainsi les âmes qui s’approchent de Dieu… De même que de la mort du Christ, de son côté ouvert, est née l’Église, de même la mort des témoins est féconde pour la vie future de l’Église. La vision de la troisième partie du « secret », tellement angoissante à ses débuts, s’achève donc sur une image d’espérance : aucune souffrance n’est vaine, et précisément une Église souffrante, une Église des martyrs, devient un signe indicateur pour l’homme à la recherche de Dieu.
La vision, il est vrai, comporte beaucoup de souffrance, mais celle-ci n’est pas vaine. L’Église aura peut-être beaucoup à souffrir dans les années à venir, ce qui n’est probablement pas une surprise. L’Église a vécu la persécution depuis la crucifixion de Jésus, et notre souffrance actuelle produira des effets dans l’avenir.
« Ayez confiance ! J’ai vaincu le monde »
« Mon Cœur immaculé triomphera. » Qu’est-ce que cela signifie ? Le cœur ouvert à Dieu, purifié par la contemplation de Dieu, est plus fort que les fusils et que les armes de toute sorte… Le Malin a du pouvoir sur ce monde… Il a du pouvoir parce que notre liberté se laisse continuellement détourner de Dieu. Mais (…) la liberté pour le mal n’a plus le dernier mot. Depuis lors, s’imposent les paroles : « Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance ; moi je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). Le message de Fatima nous invite à nous fier à cette promesse.
En conclusion, le « secret » de Fatima nous apporte l’espérance dans ce monde déchiré par la haine, par l’égoïsme et par la guerre. Satan ne triomphera pas et ses plans machiavéliques seront déjoués par le Cœur Immaculé de Marie. Sans doute y aura-t-il de la souffrance dans un futur proche, mais si nous nous fions à Jésus et sa Mère, nous serons victorieux.