L’Institut de géopolitique des populations organise un colloque, le 21 mai prochain, sur le thème « L’Afrique au XXIe siècle, à 4,2 milliards de personnes ». L’Institut s’inquiète de voir un continent mal préparé à l’explosion démographique qui s’annonce et se demande : « Comment conjurer le mauvais sort qui se profile à l’horizon pour l’Afrique ? Comment lui rendre l’avenir apaisé qui doit lui revenir ? Comment aider l’Afrique à maîtriser son destin ? »
Intervenants prévus : Jean-Paul Gourevitch, Bernard Lugan, Philippe de Parseval, Philippe Randa, Denis Garnier, Cedric Milhat, Bernard Moisy, Général Lamine Cissé.
Entretien avec Yves-Marie Laulan
— Pourquoi avoir choisi l’Afrique comme objet de votre colloque et pas l’Asie, dont rien que les populations indiennes et chinoises vont atteindre les 3 milliards d’ici à 2050 ?
— Tout simplement parce que les populations de l’Asie ont largement stabilisé leur croissance démographique. C’est déjà le cas pour la Chine, avec la politique de l’enfant unique, et en cours pour l’Inde. Au surplus, les prévisions pour l’Afrique portent sur une population presque de 50 % supérieure à celle de l’Asie, 4,2 milliards de personnes, sinon davantage. On peut dire qu’un être humain sur deux sur la planète sera africain. C’est un bond quantitatif colossal, sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Or l’Afrique se révèle totalement incapable de maîtriser sa dynamique démographique, comme elle se montre incapable d’accroître convenablement ses ressources pour y faire face.
— Comment expliquez-vous l’impréparation de l’Union européenne face aux enjeux démographiques, et donc migratoires, qui nous sont soumis par le continent africain ?
— C’est le phénomène le plus important du XXIe siècle. Il n’est donc pas surprenant que l’Europe de Bruxelles ne s’y intéresse que quand il est bien trop tard. M. Junker – qui a fait sa carrière comme Premier ministre d’un Etat spécialisé dans la fraude fiscale à l’échelle industrielle, le Luxembourg – propose un quota de 20 000 personnes pour accueillir les centaines de milliers migrants africains qui se pressent aux portes de l’Europe. C’est la pire des solutions : elle consiste à légaliser le phénomène, donc à l’institutionnaliser, nullement à y remédier. L’Europe de Bruxelles est un ectoplasme sans tête.
— Si nous échouons à relever ce défi, quel est le pire scénario que vous prédisez pour l’Europe et la France ?
— C’est bien simple, l’Afrique va crever de faim et déverser son trop-plein humain sur le continent le plus proche, l’Europe. Le ruisselet de l’immigration clandestine par l’île de Lampedusa va se gonfler à l’extrême et devenir un fleuve irrésistible, sous l’œil réprobateur de l’Amérique et des Nations unies. Evidemment : ce n’est pas leur affaire. Or c’est la survie même de l’Europe comme continent civilisé et structuré qui est en jeu. Nos régimes démocratiques n’y résisteront pas. Et, devant la colère de l’opinion publique, ce sont des régimes autoritaires qui viendront. Après tout, ce ne sera peut-être pas plus mal.
Le 21 mai, de 9 heures à 18 heures à l’ASIEM, 6 rue Albert de Lapparent, Paris 75 007.
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