« Nous rebâtirons Notre-Dame plus belle encore. »
Personne ne « rebâtira Notre-Dame », puisque l’essentiel du bâtiment est intact, comme les photos le montrent clairement. Et l’on voit là quelle était la suréminente excellence du travail des bâtisseurs de cathédrales.
Ce qui est à refaire, en dehors de quelques morceaux de voûte (notamment la croisée du transept), c’est le toit. Je ne doute pas que la charpente fût un chef-d’œuvre, mais comme personne ne pouvait la voir la perte est du domaine de l’imagination. Si quelqu’un veut voir une belle charpente qu’il vienne voir les halles du Faouët à côté de chez moi… Ou qu’on se souvienne que la charpente de la cathédrale de Reims est en béton, et celle de la cathédrale de Chartes métallique, ce que les visiteurs ne soupçonnent pas…
Quant à l’outrecuidance du « plus belle encore », non seulement elle montre la fatuité du personnage, mais c’est une insulte aux bâtisseurs. Une insulte à la chrétienté. En Allemagne et en Pologne, on a réellement reconstruit des églises. A Gdansk on a reconstruit la plus grande église de brique de la chrétienté, et à Varsovie la cathédrale. On les a reconstruites à l’identique. Personne n’aurait osé dire qu’il les reconstruirait « plus belles encore »…
Enfin un mot de cette immense clameur venant de gens qui se moquent éperdument de ce que représente une cathédrale. Nous sommes dans une société de sensiblerie et d’hypertrophie de l’émotion qui ne croit en rien et qui paraît attendre les catastrophes et les attentats avec avidité, une avidité attisée et cultivée par les médias. Comme un divertissement. Et l’on pleure à la commande, sur n’importe quoi. Sur des dizaines de morts comme sur un toit qui brûle. Nous sommes dans une société où c’est un droit de tuer tous les jours des enfants avant la naissance mais où c’est un drame épouvantable que la charpente de Notre-Dame brûle. De ce bâtiment qui est, comme l’ont immédiatement souligné les médias, un « haut lieu touristique ». C’est cela qui est terrible : voilà un haut lieu touristique qui va demeurer inaccessible un certain temps. Personne ne s’est ému des églises détruites en Irak, notamment à Mossoul où certaines sont plus vénérables que Notre-Dame de Paris, ou à Qaraqosh capitale de la petite Eglise syro-catholique. Beaucoup moins « touristiques ». Mais des vraies églises de la chrétienté d’aujourd’hui. Reconstruites par des chrétiens qui savent ce qu’est une vraie catastrophe.
Je suis très amusé ce matin en lisant les unes de la presse et du traitement que font les médias français en particulier des flammes et des larmes de Notre Dame. Je rappelle à Victor Hugo que notre Dame c’est plus que de la littérature. Je rappelle à Garou, Hélène Segara et autres virtuoses du do-re-mi-fa-sol-la-si-do que ND c’est plus que de la musique. Aux franc-maçons amis d’Hidalgo pour leur conférence des donateurs que ND c’est plus que de l’architecture. A l’économie française, ND c’est plus que de l’argent. Aux touristes, ND c’est plus que le plaisir de l’œil, des flash et des snapp. Édouard Philippe, tu parles ”d’une tristesse au delà des mots”, et Macron dit que ”le pire a été évité”. Vous avez raison. Mais de quel côté se trouve votre raison? Je prends la chancellerie allemande au mot: “” Notre Dame, c’est le symbole de la France et de notre culture européenne”. ”Notre culture” Bon sang! Et pourtant, vous avez vite fait de mettre fin au temps des cathédrales, à la solidité de la foi chrétienne par laquelle l’Eglise a bâtie sa ”fille aînée”. La France. Dites-moi, de quel symbole parlez-vous ? Moi je pense au Symbole de la foi. Je crois en Dieu. Si c’est La Fourvière qui brûlait à Lyon, que diriez-vous actuellement de Barbarin?
Que ce soit clair : la France (l’Europe) redeviendra chrétienne ou ne sera plus. La flèche qui a transpercé le côté ouvert de Jésus s’est effondrée. Wooouuuuhhhh. Cris de désolation des assistants.
Paris, il faut que je te parle. Ce n’est pas pour te dire que ta débâcle dimanche soir à Lille était prophétique. Paris, il faut que tu m’écoute. Tu dois savoir que la flèche que tu vois debout et tendue au sommet des grandes bâtisses dans l’art Gotique symbolise l’appareil génital de l’homme : debout, viril, fécond et prêt à l’action. Lorsque cet appareil se met en berne, l’homme est mort. Paris, ta fécondité spirituelle est morte. Habitants de Paris, ne pleurez pas sur Notre Dame. Pleurez sur vous-mêmes et votre laïcité.Pleurez sur vos éthiques inhumaines de l’homosexualité et de la pédophilie. De l’indifférence. Je veux bien marcher samedi prochain avec les gilets jaunes. Mais pour le retour à la foi chrétienne reniée et humiliée en Europe. Macron, il faudra rebâtir 856 années d’histoire et d’amour entre la France et l’Eglise. Rebâtis Notre Dame qui a sacré le roi Henri IV d’Angleterre en 1431 et couronné Napoléon en 1804. Rebâtis Notre Dame qui a reçu l’oraison funèbre de Charles de Gaulle en 70, de Pompidou en 74 de Mitterrand en 96. Bientôt Chirac?
Paris outragée, blessée et meurtrie, je comprends pourquoi le Vatican parle ”d’incrédulité et de tristesse.” Tristesse parce le ”petit reste”, le petit vrai troupeau rescapé de la foi souffre. Et nous avec. Tristesse parce que la douleur n’a pas de peau, pas de chapelle. Tristesse quand on sait que c’est toi, Notre Dame qui a recueilli les larmes de Charlie Hedo en 2015. Où irons-nous pleurer et confesser la foi quand le terrorisme frappera de nouveau ? Incrédulité parce Paris refuse de lire ce drame comme un message du ciel. Un appel au retour à Dieu, en pleine semaine sainte. Signes par milliers, traces de ta gloire, Dieu dans notre histoire.
Notre Dame de l’espérance. Tes deux cloches restent accrochées et continuent de retentir. Le pouvoir des flammes de l’enfer du feu? Non. Ce feu n’est pas celui de Lucifer, mais bien le feu de l’Esprit qui purifie. Paris, tu vis ta Pentecôte anticipée. Notre Dame renaîtra de ses cendres. C’était son mercredi des cendres. Vivons la passion. Mais vivement que vienne la résurrection de la foi en Europe. Paris, quitte ton tombeau.
Abbé Étienne Bakaba.
Via Salon beige