Lundi 9 avril, Emmanuel Macron était reçu au Collège des Bernardins, par les évêques de France.
Un certain nombre de catholiques ont protesté contre cette invitation, manifestement pensée sur le modèle des dîners du CRIF.
Pour ma part, cette invitation me semblait plutôt logique et bienvenue : aussi important qu’ait été le catholicisme dans la construction de la France, il est bien évident que le nombre de politiques, d’intellectuels et de journalistes qui connaissent encore en profondeur la pensée catholique s’amenuise à vue d’œil.
Dès lors, ce genre de réunions s’impose pour tenter de faire comprendre les préoccupations des catholiques aux hommes politiques.
En sens inverse, plusieurs hommes politiques de gauche ont considéré qu’Emmanuel Macron avait violé la sacro-sainte laïcité, particulièrement en déclarant : « Nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé et qu’il nous importe, à vous comme à moi, de le réparer. »
Cependant, là aussi, je ne vois rien que de très logique : il saute aux yeux, effectivement, que les relations entre l’Église et l’État ne sont pas bonnes.
Mais personne, ni les évêques, ni le président, n’a semblé intéressé par les causes de cette détérioration des relations Église-État. Pire, le président, malgré son opération de séduction, fort bien menée, a tout à fait pour aggraver la situation.
La cause profonde de cette détérioration réside dans la dégradation de la liberté religieuse. Et cette dégradation vient de deux sources principales.
La principale, c’est qu’une conception délétère de la loi, purement positiviste, s’impose de plus en plus – et le discours de M. Macron pousse dans cette direction. Cette conception a été admirablement résumée par l’ancien sénateur socialiste (et co-fondateur du très marxiste Syndicat de la Magistrature) Jean-Pierre Michel : « La loi, c’est l’expression d’un rapport de force à un moment donné. Point final. » À ce compte, on voit mal sur quelle base contester les lois raciales du IIIe Reich, votées dans les formes par un parlement régulièrement élu, et exprimant clairement un « rapport de force à un moment donné ».
Même si la plupart des catholiques eux-mêmes ne s’en aperçoivent pas clairement, c’est là qu’il faut chercher les raisons de l’opposition des catholiques aux lois « sociétales ».
Et, là-dessus, Emmanuel Macron exigeant – sans qu’aucun évêque ne songe à protester ! – que toutes les lois de la république soient respectées par-dessus tout, sans aucun compromis (« loi d’airain », ajoute-t-il), ne peut pas ignorer que sa revendication est exactement une revendication totalitaire.
Les lois de la république ne peuvent s’appliquer que dans les limites de la loi naturelle, qui s’impose à toutes les lois positives. L’ignorer, ou pire le nier, comme vient de le faire Emmanuel Macron, est évidemment exiger des catholiques qu’ils choisissent entre leur foi et la république.
L’autre source de la dégradation de la liberté religieuse en France est la question de l’islam.
C’est, en effet, parce que l’islam s’installe en France que l’on rogne nos libertés (religieuse, de circulation, scolaire, d’expression …).
Or, il est significatif qu’Emmanuel Macron n’ait parlé d’islam que pour vanter le dialogue inter-religieux. Comme s’il méprisait délibérément le fait que l’islam n’est pas une religion comme le christianisme, mais bien davantage une doctrine politique totalitaire.
Tant que le président ignorera notre légitime attachement à la loi naturelle et les spécificités de l’islam, toutes ses opérations de séduction seront vaines.
Guillaume de Thieulloy – Les 4 Vérités