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 Réflexion cinématographique sur un métier banalement très particulier. Serge est l’un des meilleurs vendeurs de France. Depuis 30 ans, il écume les zones commerciales et les grands magasins, garantissant à ses employeurs un retour sur investissement immédiat et spectaculaire. Il a tout sacrifié à sa carrière. Ses amis, ses femmes et son fils, Gérald, qu’il ne voit jamais. Et sa santé. Quand Gérald vient lui demander un travail pour financer les travaux de son futur restaurant, Serge hésite puis accepte finalement de le faire embaucher comme vendeur. Contre toute attente, Gérald se découvre un don.

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Objectif Gard : Vous avez réalisé plusieurs courts-métrages mais vous signez – avec “Vendeur”, votre premier long-métrage. Le public vous connait peu, pouvez-vous vous présenter ?

Sylvain Desclous : J’ai commencé en faisant de nombreux petits boulots, hôpital, l’édition, l’organisation de séminaires d’entreprises. En parallèle, j’ai toujours été spectateur et cinéphile. Mais je viens de Toulon, et, installé en province, je ne savais pas que je pouvais faire du cinéma. Quand je suis arrivé à Paris, j’ai rencontré des personnes de ce milieu, et j’ai compris que c’était possible. J’ai réalisé plusieurs courts-métrages et j’ai appris le métier, notamment à structurer un scénario. “Le monde à l’envers” a été présélectionné aux Césars 2014 et “Mon héros” a été nommé aux Césars 2015.

Le monde de l’entreprise est souvent abordée dans vos films. Pourquoi ce choix ?
Je ne me suis jamais senti à l’aise dans ce milieu. Il n’est pas le mien. Le métier que l’on fait est-il celui auquel on aspire vraiment ? Pour beaucoup, la réponse est non. Pourtant, notre vie est en grande partie structurée par notre travail. Je pense qu’il est important d’en parler, sans caricature ni fantasmes. J’essaie d’être au plus juste.

Qu’avez-vous voulu montrer dans “Vendeur” ?
Qu’il ne faut pas se tromper. On fait des choix de vie et ils nous engagent. Certaines décisions sont sans retour. C’est ce dont ce rend compte Serge, à 55 ans. Mais il va essayer de se racheter et faire en sorte que son fils ne fasse pas les mêmes erreurs.
Serge, interprété par Gilbert Melki, est excessif, parfois même caricatural. Est-ce une volonté artistique ?
Je ne voulais pas d’un film naturaliste, caméra à l’épaule. Je souhaitais que les vendeurs soient cinématographiques et j’ai essayé que les personnages ne soient pas gratuitement caricaturaux. Sur la question de la cocaïne, je ne pense pas être dans l’excès. Elle circule dans beaucoup de métiers.

Vous montrez les travers du métier de vendeur, ceux qui poussent le personnage principal à s’en retirer progressivement. Le film est-il une critique de cette profession ?
Absolument pas! J’ai voulu dresser le portrait d’un homme qui a commis des impairs. Son univers professionnel les exacerbe. Le vendeur est un acteur. Il enfile un costume pendant plusieurs heures et a ses propres ficelles pour tenir son rôle. C’est une profession à part. D’ailleurs, beaucoup de comédiens ont commencé comme ça.

C’est votre premier long-métrage, pourtant, vous avez réussi à vous entourer d’un bon casting. Comment avez -vous réussi à convaincre Gilbert Melki et Pio Marmaï, qui a le vent en poupe ?
Comme on le fait de manière ordinaire. Ils ont lu le scénario, les personnages leur ont plu, on a commencé à travailler. Je suis hyper heureux d’avoir bossé avec eux. Ils ont été force de proposition et ont sublimé le scénario.

Quelle est la principale difficulté à laquelle vous avez fait face, en passant d’un format de 30 à 90 minutes ?
L’écriture. Pour un long, il faut structurer le récit, imaginer des tensions, des personnages plus complexes. Question financement, on n’a pas eu de mal, le casting a donné confiance et envie.

Le film propose une évolution intéressante des personnages, mais le rythme est assez lent. Est-ce nécessaire ?
C’est un portrait, une chronique. Il y a forcément des séquences qui reviennent. Il fallait également montrer une quotidienneté, celle qui explique la fatigue de Serge. En face, la musique a justement pour objectif d’apporter du rythme au résultat final.

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