L’Enfant de la nuit est le deuxième roman de Robert Brasillach et on y retrouve plusieurs thèmes chers à l’écrivain : l’enfance, la jeunesse, le destin, la fatalité, la mort, le pardon. Le cadre du récit est celui du quartier parisien de Vaugirard, que Brasillach connaît très bien et qui, par son caractère populaire, permet à l’auteur d’offrir une étude sociale acérée de personnages simples et ordinaires. C’est toute une époque, avec ses habitudes et ses mœurs, qui est ainsi mise en relief.
Outre le narrateur, Robert B., il y a d’abord Madame Pluche, cartomancienne et célébrité locale. C’est par son truchement que Robert B. rencontre Anne Bollecker, personnage central du roman, jeune fille tout à la fois énigmatique, malheureuse et ingrate. Il y a également le curieux M. Ollivier, protecteur d’Anne, bibliothécaire de la Biblio du XVe arrondissement et ancien mari de Madame Pluche. Il y a encore le coordonnier-poète Juste Contremoulin, sauveur d’Anne au moment fatal. Enfin, il y a le petit ami douteux, Paulin Garrouste…
Brasillach brosse une série de portraits justes et attachants de personnages aux existences banales, avec leur lot de petites joies quotidiennes, de difficultés, de doutes et de misères, mais également d’espérances et de vérités révélées par la vie. Le récit de cette vie sociale verse dans le drame avec le vol de l’argent d’une blanchisseuse, à une époque où ce délit avait encore une importance… Paulin Garrouste est-il le coupable ?
A travers ces scènes de la vie parisienne, c’est aussi l’étude de la condition des femmes à laquelle Brasillach se livre. Et, bien sûr, il ne peut résister à cette définition de la jeunesse, thème de prédilection de son œuvre romanesque : « Je pense que, pour tout être, un moment de grand flamboiement est désigné d’avance, qui, parfois, donne le change. Ce moment est la jeunesse. »
Un roman parfois ignoré, que les éditions Pardès remettent utilement à l’honneur. Pourquoi s’en priver ?
Arnaud Robert – Présent