Georges Desvallières, La peinture corps et âme

Poursuivant son cycle dédié à la redécouverte des maîtres du tournant des XIXe et XXe siècles, le Petit Palais est heureux de présenter la première rétrospective consacrée au peintre George Desvallières (1861-1950), réunissant 90 oeuvres (peintures, dessins, vitraux, tapisserie…) issues de musées français et de collections privées, alors que paraît le catalogue raisonné de son oeuvre complet sous la direction de Catherine Ambroselli de Bayser. Homme d’engagements et de combats, George Desvallières est une personnalité hors norme qui nous replonge dans l’univers créatif de l’entre deux-guerres. Son style puissant s’incarne dans les figures d’une antiquité héroïque puis dans l’expression profonde d’une foi attisée par l’épreuve de la guerre 1914-1918.

Peintre profane à ses débuts placés sous le parrainage de Gustave Moreau, Desvallières manifeste très jeune son indépendance vis-à-vis de l’enseignement académique et une curiosité pour toutes les formes d’art. Son style évolue vers un naturalisme critique qui dépeint les nuits cosmopolites de Londres et de Montmartre. Son engagement dans la fondation du Salon d’automne, inauguré en 1903 au Petit Palais, marque un tournant dans sa carrière. Ce salon y accueillera les avant-gardes du fauvisme puis du cubisme que George Desvallières défendra face au déchainement de la critique.

La maturité venue, l’artiste retrouve la foi et défend avec Georges Rouault un christianisme militant et social étayé par la forte personnalité de Léon Bloy. Chef de bataillon durant la Grande Guerre, il sera l’un des premiers artistes, au retour du front, à mettre en image l’expérience inouïe des combats. Ses quêtes spirituelles attisées par son vécu douloureux de la guerre en font l’un des plus actifs défenseurs du renouveau de l’art sacré, formant aux côtés de Maurice Denis une jeune génération d’artistes chrétiens.

Salué en 1937 à l’exposition des « Maîtres de l’art indépendant » organisée au Petit Palais, l’oeuvre de Desvallières est à nouveau mis en lumière au musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Le parcours de l’exposition suit de manière chronologique l’évolution de son art durant 60 ans. L’originalité de sa peinture s’y révèle par sa constante tension
entre le corps et l’esprit, le charnel et le spirituel.

Un dispositif vidéo évoque les grands décors religieux et commémoratifs restés in situ, de Paris à Douaumont.
L’exposition est accompagnée par la publication d’un catalogue qui prolonge la découverte de ce peintre singulier, si influent en son temps.

George Desvallières, la peinture corps et âme jusqu’au au 17 juillet 2016

Pour compléter l’exposition :

– Découverte de la chapelle Saint-Yves, Cité du souvenir (Paris 14e) peinte par Desvallières
Les mardis 12 avril, 10 mai, 14 juin à 16h30 et 17h15
Visites gratuites sur réservation auprès d’Isabelle Renaud-Chamska : [email protected] ou 06 85 11 70 73
Visites assurées par Isabelle Renaud-Chamska, historienne de l’art et théologienne, avec la participation de Jean-Baptiste Ambroselli
Plus d’informations ici

– Découverte de l’église du Saint-Esprit (Paris 12e) et du Chemin de Croix, peint par George Desvallières
Les dimanches 17 avril, 22 mai et 19 juin à 16h et le jeudi 12 mai à 15h
Visites libres et gratuites assurée par les bénévoles de l’association Art, Culture et Foi

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BIOGRAPHIE DE GEORGE DESVALLIERES

Jeunesse – 1861-1880

– Naissance le 14 mars 1861 à Paris, rue Saint-Marc, près de la Bourse. Deu- xième enfant d’Émile Desvallières, administrateur des messageries mari- times, et de Marie Legouvé, fille et petite-fille des académiciens Ernest Le- gouvé (1807-1903) et Gabriel Legouvé (1764-1812).

– Jules-Élie Delaunay à la demande du grand-père de George Desvallières guide l’éveil artistique de l’enfant doué pour le dessin.
– Gustave Moreau devient un habitué de la rue Saint-Marc et accompagne à son tour la formation du jeune Desvallières.

– Admission en 1879 à l’École des beaux-arts dans l’atelier d’Alexandre Ca- banel, mais quitte l’École dès le mois de novembre 1880.
– Son frère aîné Maurice (1857-1926) entame une brillante carrière d’auteur pour le théâtre et l’opérette en collaboration avec Georges Feydeau.

Du Salon des artistes français à la nationale des beaux-arts – 1881-1901

– Reçu en 1883 au Salon des artistes français où il expose tous les ans jusqu’en 1901.
– Travaux de copies dans les musées et à l’occasion de voyages en Italie.
– Épouse en 1890 Marguerite Lefebvre ; le couple aura six enfants.

– Transfert de son atelier rue de La Rochefoucauld, près du domicile de Gustave Moreau dont il devient très proche.
– Décoration de la salle à manger Legouvé sur le thème d’Ulysse et Nausicaa. – Correspondance amicale avec Georges Rouault, élève de Moreau.

– Mariage de sa sœur Georgina avec le compositeur Émile Paladilhe.
– Médaille d’argent à l’Exposition universelle de 1900.
– Quitte en 1901 le Salon des artistes français pour la Société nationale des beaux-arts où l’État achète le grand pastel Aeternum Transvertre, auquel Maurice Denis consacre un compte-rendu critique.

Les débuts du Salon d’automne – 1902-1913

– Séjour à Londres durant l’été 1903.
– Inauguration au Petit Palais du premier Salon d’automne, qui s’annonce comme un Salon de combat et d’avant-garde. Il est nommé président de la section de peinture.
– Rencontre Léon Bloy qui exerce une forte influence spirituelle sur lui et sur Georges Rouault.
– Retour à la foi chrétienne en l’église Notre-Dame-des-Victoires.
– Rencontre Jacques Rouché, polytechnicien, passionné de théâtre, qui devient son mécène.
– En 1905, la salle d’art «fauve» au Salon d’automne (désormais installé au Grand Palais), qui réunit d’anciens élèves de Moreau autour de Matisse, déchaîne les critiques.

– Panneaux décoratifs pour l’hôtel particulier de J. Rouché avec Albert Bes- nard (salle à manger) et Maurice Denis (vestibule).
– Collabore à La Grande Revue dirigée par Jacques Rouché.
– Première exposition personnelle à la galerie Druet en 1910.

– Exposition internationale d’art chrétien moderne en 1911 organisée par la Société de Saint-Jean au musée des Arts décoratifs.
– Décor et costumes pour le théâtre des arts et le théâtre du Châtelet.
– Nommé vice-président de la Société de Saint-Jean avec Maurice Denis.

– Entre au Tiers-Ordre dominicain.

Le front des Vosges – 1914-1918

– août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. À 53 ans, Desval- lières abandonne la peinture pour incorporer le 6e bataillon des chasseurs à pied.
– Mobilisation de son fils Richard dans les Ardennes et départ au front en janvier 1915 de son fils Daniel, étudiant à l’académie de la Grande Chau- mière, à l’âge de 17 ans. Le 19 mars 1915, mort de Daniel fauché par un tir d’obus.

– Au cours d’une mission périlleuse en terrain ennemi, Desvallières fait le vœu de consacrer sa peinture à Dieu.
– Démobilisé le 9 novembre 1918, George Desvallières est fait Chevalier de la Légion d’honneur et Croix de guerre.

Retour sur la scène artistique – 1919-1950

– Fondation au 8, rue de Furstenberg des Ateliers d’art sacré avec Maurice Denis. Marie-Alain Couturier, futur dominicain, est le premier élève à inté- grer l’école conçue comme une communauté d’artistes chrétiens.
– Création d’une section d’art religieux au Salon de la société nationale des beaux-arts et au Salon d’automne.

– Participe à la fondation du Salon des Tuileries.
– Membre du comité France-Amérique et du jury de l’Exposition interna- tionale du Carnegie Institute de Pittsburgh.
– Participe en 1925 à l’Exposition internationale des arts décoratifs mo- dernes au pavillon du Vitrail et dans l’église du Village français.
– Exposition personnelle au musée des Arts décoratifs en 1925.
– Élu membre de la section de peinture à l’Académie des beaux-arts en 1930.
– Membre du comité de rédaction de la nouvelle revue L’Art sacré.
– Participe à l’Exposition internationale d’art sacré à Rome et au pavillon français de la Biennale de Venise en 1934.
– Vingt œuvres présentées à la rétrospective « Les Maîtres de l’art indé- pendant 1895-1937 », au Petit Palais.
– Nommé président de l’Institut en 1940, il continue d’assurer la prési- dence du Salon d’automne où il se débat pour maintenir l’exposition annuelle et s’insurge contre l’interdiction faite aux artistes juifs d’exposer. – En 1946 se rend à La Salette, l’un des lieux d’apparition de la Vierge, et donne une conférence qui appelle à la prière et à la paix.
– Décès le 4 octobre 1950 à l’âge de 89 ans. Il est enterré à Seine-Port, où il s’était retiré.

Principaux chantiers décoratifs

– Décor mural en mémoire du sacrifice de la guerre dans la chapelle du château de Saint-Privat (Pont-du-Gard), résidence d’été de Jacques Rouché réalisé de 1919 à 1925.
– Décor pour l’église Saint-Jean-Baptiste de Pawtucket au Etats-Unis en 1926.

– Cartons de vitraux pour l’ossuaire de Douaumont de 1927 à 1930.
– Décor de l’église Sainte-Barbe de Wittenheim de 1929 à 1931.
– Décor de la chapelle Saint-Yves en 1931, construite à Paris dans la Cité du souvenir où logent des familles victimes de la guerre.
– Peinture murale pour le pavillon des missions à l’Exposition coloniale de 1931.
– Chemin de croix pour l’église du Saint-Esprit, à Paris, de 1933 à 1935.
– Décor du choeur de la chapelle du grand séminaire à Meaux, de 1935 à 1937.
– Peint La Réconciliation pour le pavillon pontifical à l’Exposition inter- nationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne de 1937.

– Commande pour la cathédrale d’Arras : Nativité et Résurrection réalisée de 1941 à 1942.

 

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