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En 1137 Louis VI décide de créer un marché en remplacement du marché Palu dans l’île de la Cité et de celui de la place de Grève. Le choix des Champeaux (« Petits Champs »), aux portes de la ville et au croisement de trois voies importantes, la rue Saint-Denis, la rue Montmartre et la rue Saint-Honoré paraît logique et le marché d’abord en plein air, va se développer rapidement. Il va entraîner un développement conséquent du quartier qui nécessite la création de deux nouvelles paroisses (Sainte-Opportune et les Saints-Innocents, vers 1150).
Philippe Auguste transfère aux Champeaux la foire de Saint-Lazare en 1181 et y fait construire deux ans plus tard deux halles pour les drapiers et tisserands et pour la boucherie de Beauvais.
La construction de l’enceinte de Philippe-Auguste (1190-1200) accélère la croissance de la population. Sous le règne de Philippe-Auguste, et sans doute à son initiative, une planification organisée du quartier se met en place :
A l’est, il s’agit de relier les nouvelles halles à la rue Saint-Denis : 6 voies parallèles est-ouest sont ouvertes entre cette rue, la rue Montmartre et le marché (rues Mauconseil, du Cygne, de la Grande Truanderie, des Prêcheurs, de la Cossonnerie…) et une voie nord-sud perpendiculaire aux précédentes, la rue Montdétour.
A l’ouest, un quadrillage régulier structure l’espace entre le rempart, le marché et la rue Saint-Honoré : rue des Prouvaires, du Four (rue Vauvillers), des Vieilles-Etuves (Sauval) et rue des Deux-Ecus (Berger).
En 1223, la création de la paroisse Saint-Eustache atteste de l’urbanisation du quartier.
Tout au long du XIIIe s., des bâtiments spécialisés sont construits : halle aux corroyeurs, aux merciers, deux halles pour le poisson frais ou salé…. Pour assurer la conservation et la sécurité des marchandises, l’ensemble du périmètre est entouré d’une enceinte dont les portes sont fermées la nuit. Les activités commerciales et artisanales envahissent l’ensemble des voies avoisinantes comme en témoigne les noms des rues (rues de la Lingerie, de la Tonnellerie, de la Ferronnerie, de la Poterie, de la Fromagerie…).
Les halles subissent peu de modifications jusqu’au XVIe s. Aux XIVe et XVe siècles de nombreux hôtels se construisent aux abords du Louvre (hôtels d’Albret, d’Orléans, de Bourgogne…), l’église Saint-Germain l’Auxerrois est reconstruite (1420-1476).
L’époque moderne
En 1528, la décision du roi de se fixer à Paris, de rendre à la ville son prestige de capitale et au Louvre sa qualité de résidence royale entraîne un renouveau dans l’aménagement du quartier. De 1527 à 1536 les quais sont aménagés et pavés, en 1532 la construction de Saint-Eustache, la plus vaste église de Paris après Notre-Dame, est engagée, les travaux de modernisation du Louvre sont entrepris.
A partir de 1543, l’édit de Réformation des Halles va assainir et moderniser le marché : l’enceinte est supprimée et le réseau de ruelles au sud de la Halle au blé est clarifié, la plupart des halles construites au XIIIe sont reconstruites. Il en va de même de nombreuses maisons en périphérie avec des arcades en rez-de-chaussée (les piliers des halles), notamment rue de la Tonnellerie et autour de la Halle au blé… Mais, malgré l’augmentation de la population de Paris, le périmètre n’est pas étendu. La foire Saint-Germain et divers marchés locaux (des Enfants rouges, des Patriarches…) complètent l’offre commerciale.
En 1570-1580, Catherine de Médicis fait construire son hôtel sur les plans de Philibert Delorme en créant un vaste îlot entre les rues du Four, des Deux-Ecus et Coquillière. Cet hôtel est agrandi par le comte de Soissons au début du XVIIe s. L’hôtel de Soissons au XVIIe s. cliquez ici.
Au XVIIe s. le quartier connait des évolutions à la marge : agrandissement du Louvre, construction ou reconstruction d’hôtels en liaison avec l’aménagement de la place des Victoires. A la fin du siècle, la rue du Roule est percée permettant une liaison directe entre le Pont-Neuf et Saint-Eustache.
Au XVIIIe s., la partie ouest du quartier perd son caractère résidentiel et aristocratique pour devenir populaire et administratif : l’hôtel Séguier accueille le bureau général des Fermes, l’hôtel d’Armenonville l’hôtel des Postes cependant que le terrain de l’hôtel de Soissons fait l’objet de nombreux projets, notamment de place royale (1), avant d’être loti autour d’une nouvelle halle au blé (1762). Enfin, à la fin du siècle, les Halles font l’objet de tout un ensemble d’aménagement, sans remettre en cause toutefois la disposition d’ensemble : prolongement de la rue des Deux-Ecus, reconstruction de la halle aux draps, déménagement de la halle aux cuirs et suppression du cimetière des Innocents.
De la révolution à 1850
Napoléon s’intéresse aux travaux d’édilité à Paris (nouveaux ponts, alimentation en eau, abattoirs, cimetières…) et notamment aux marchés couverts. En 1811, des décrets précisent l’emprise d’un nouveau marché à construire aux Halles sous forme d’une grande halle couverte. Les limites du projet sont dès lors fixées. L’année suivante voit les premières expropriations mais la fin de l’Empire interrompt la réalisation.
En 1818 est ouvert, sur les terrains expropriés, le marché des Prouvaires, ensembles d’abris en charpente destinés au marché de la viande. En 1823-1824, deux autres bâtiments en bois sont construits sur le carreau de la halle pour le poisson et le beurre.Des années 1820 à 1854, le sort des Halles ne va cesser de faire l’objet de discussions, de rapports, de projets : reconstruction sur place, près de la Seine, transfert ailleurs…(1). En 1845 le Conseil Municipal approuve un premier projet de Victor Baltard et de Felix Callet. En 1848 les premiers travaux de démolition sont arrêtés et les discussions vont reprendre, notamment à partir d’un projet concurrent d’Hector Horeau qui imagine une grande halle perpendiculaire à la Seine.
Le quartier des Halles en 1850
Toutefois, début 1852, le projet de Baltard, modifié, est de nouveau approuvé, la construction du premier pavillon, en charpente métallique enrobé de pierre, entreprise. Elle sera arrêtée par Napoléon III le 3 juin 1853 sensible aux critiques du public sur le « fort de la halle ».
Le projet définitif de Baltard sera approuvé en avril 1854.