Pour la 30e édition de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA, le 1er décembre, les associations qui œuvrent dans la prévention ont proposé des tests de dépistage rapide ainsi que la diffusion de messages de prévention dans différentes villes de France afin de sensibiliser la population, et plus particulièrement les populations à risque, à cette maladie dont on aurait aimé pouvoir enrayer la progression. Mais hélas, en 2016, on a découvert environ 6.000 nouveaux cas d’infection au VIH en France, dont 27 % à un stade avancé de la maladie.
Santé publique France estime à 25.000 le nombre de personnes qui ignorent leur séropositivité : 40 % sont des hommes qui ont des rapports homosexuels, 40 % des migrants hétérosexuels principalement issus d’Afrique subsaharienne, et 20 % des hétérosexuels nés en France.
En juillet dernier, l’OMS avait constaté une explosion de l’épidémie dans le groupe des hommes homosexuels et les incitait à prendre à titre préventif (en plus de l’usage des préservatifs) une pilule quotidienne de deux antirétroviraux afin de diminuer le risque de contamination.
Cette évolution malheureuse est attribuée à un relâchement dans la prévention, peut-être parce qu’ils savent qu’il existe maintenant des traitements efficaces qui permettent de vivre avec le SIDA, même si l’on n’en guérit pas.
Ces recommandations, qui s’appliquent également aux autres catégories à risque (transsexuels, prisonniers, drogués et prostitués qui représentent environ la moitié des nouvelles contaminations annuelles), reposent sur le fait qu’une personne sous traitement a le plus souvent une charge virale indétectable, ce qui ne veut pas dire que le virus a complètement disparu de son organisme, mais il ne circule plus dans le sang et la personne n’est donc plus contagieuse.
Ainsi, si tous les séropositifs prenaient un traitement, on pourrait espérer stopper l’évolution de la maladie ; mais, hélas, environ 25.000 personnes en France ignorent leur séropositivité !
Ce ne sont pourtant pas les moyens de dépistage qui manquent : laboratoires de biologie médicale, tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) dont 56.300 ont été effectués l’an dernier ou auto-tests, dont il s’en est vendu presque 75.000 l’an dernier en pharmacie.
On peut espérer que, grâce aux actions de sensibilisation, davantage de séropositifs seront dépistés et traités afin de ne plus être contaminants, car le principal vecteur de la propagation de cette épidémie sont les personnes non diagnostiquées et donc non traitées. Le dépistage généralisé coûte cher et, d’après les experts, est peu efficace. Ces derniers proposent plutôt de cibler davantage leurs actions et de mettre en place un système de dépistages répétés plusieurs fois par an pour la catégorie des homosexuels mâles à partenaires multiples qui est la catégorie la plus exposée.
Pourtant, depuis 2016, la prophylaxie pré-exposition (PrEP) qui consiste à prendre une pilule tous les jours (ou au moins au moment d’un rapport à risque) a été développée en France en ciblant particulièrement les personnes à haut risque. Hélas, il ne semble pas que cette mesure ait eu un impact sur la progression de l’épidémie dans cette population où l’incidence du SIDA reste aujourd’hui aussi haute que dans les plus touchés des pays d’Afrique.