Marie-Hélène de Lacoste-Lareymondie, un « événement festif » qui s’est déroulé dans la maison d’arrêt de Colmar a fortement fait réagir la conseillère régionale que vous êtes. Pouvez-vous nous expliquer en quoi il consistait ?
À l’initiative de l’Association éducative, culturelle et sportive d’aide aux détenus, le chef étoilé du JY’S (établissement colmarien) a cuisiné gracieusement un menu gastronomique pour 70 détenus de la maison d’arrêt de Colmar : foie gras de canard, torche aux marrons… ou l’extraordinaire vient remplacer l’ordinaire.
En quoi cette initiative vous a-t-elle choquée ?
C’est évidemment choquant à maints égards.
Je pense à nos aînés, dont la retraite ne permet nullement de se rendre dans un établissement étoilé. Noël leur apportera-t-il cette surprise ?
Je pense à nos sans-abri, qui se contentent bien trop souvent du sandwich humide de la rue.
Je pense aux associations qui œuvrent auprès des mineurs en CEF (centre d’éducation fermé) et qui n’ont pas eu cette chance.
Je pense, surtout, aux victimes de ces détenus : dans notre société à deux vitesses, elles sont toujours moins bien considérées que les coupables pour qui toutes les attentions sont prodiguées.
Pour ne pas être en reste, le conseil régional du Grand Est organise également une « exposition d’œuvres d’art créées en prison, Au-delà des murs, à la maison de la région ».
Bien sûr, il est important de veiller à ce que nos prisonniers aient des conditions de vie décentes et puissent exprimer leur talent, mais là, un tel traitement de faveur devient indécent.
Vous lancez, en retour, une autre proposition « solidaire »… laquelle ?
Nous proposons au chef doublement étoilé de l’accompagner dans ses prochaines œuvres de charité auprès de nos anciens et des plus démunis. S’il manque d’idées, nous lui en suggérerons !