La tombe d’Arnaud Beltrame est devenue un lieu de pèlerinage spontané cet été. Chaque jour, en flot continu, des vacanciers ou des personnes venues tout spécialement des quatre coins de France se sont arrêtés, souvent très émus, pour lui rendre hommage.
Un petit cimetière de campagne battu par la tramontane. Une croix de bois : « Colonel Arnaud Beltrame (1973-2018) ». Le cercueil repose à même la terre sans pierre tombale. Recouverte de graviers, abondamment fleurie chaque jour, la sépulture de ce héros national est d’une totale simplicité. Il est enterré dans le village de mille habitants de Ferrals-les-Corbières, traversé par l’Aude, où il avait acheté une maison il y a quelques mois pour s’y installer avec son épouse.
Si l’émotion médiatique et politique est retombée, il continue de se passer quelque chose dans cette ferveur collective. Aucun Français n’a oublié la mort héroïque de ce gendarme de 44 ans qui a volontairement échangé sa vie contre celle d’une otage avant d’être assassiné par un terroriste islamiste le 23 mars, à Trèbes. Sur sa tombe, des couples de motards, des familles, des enfants, des retraités se recueillent, parfois après avoir fait un détour de plusieurs centaines de kilomètres. Beaucoup récitent le chapelet. Certains, déjà venus, éprouvent le besoin de revenir.
« Ce n’était pas calculé, mais en voyant le panneau Trèbes sur la route, nous avons eu comme un sursaut », témoigne cette quadragénaire. « Nous avons cherché sur Internet où le colonel Beltrame reposait. Il nous a paru normal de nous arrêter », expliquent ceux qui confient avoir remercié en prière Arnaud Beltrame.
« Dès sa mort, j’ai dit à mon mari : On ira ! », raconte Martine dans La Croix. Elle dit que se rendre sur la tombe du colonel Beltrame relevait pour elle d’une nécessité intérieure. Un désir impérieux de « rendre hommage », et « presque de dire merci ». « J’ai vu son portrait affiché dans des gîtes le long du sentier cathare, il est encore très présent pour tous », confie Marc à Présent. « Nous avons tenu à venir avec nos enfants et nos petits-enfants », explique Isabelle, « il nous a donné un exemple de courage, d’abnégation et de sacrifice ».
« Nous avons un saint »
« Nous avons un saint », déclare une habitante qui fait « systématiquement un tour » et « une petite prière » sur la tombe d’Arnaud Beltrame quand elle monte au cimetière fleurir la tombe de ses parents. Beaucoup de paroissiens de l’abbaye de Lagrasse disent le prier tous les jours : « On ne peut pas dire qu’on sera tous des Arnaud Beltrame, mais nous lui demandons de nous faire progresser, chacun à notre place. »
« Mon petit garçon de 3 ans a été assez impressionné », s’étonne Camille. « Il était déjà allé à des enterrements, mais il continue à nous parler du “gendarme” ». En novembre prochain, l’école communale de Ferrals-les-Corbières portera le nom d’Arnaud Beltrame.
Présent
La police polonaise a honoré le colonel Beltrame.