Par Alain Sanders
Louis Riel est né il y a 170 ans, le 22 octobre 1844. A Saint-Boniface, dans l’Ouest canadien. De Louis Riel père et de Julie Lagimodiere. Louis Riel père était né à l’Isle-à-la-Crosse en 1817, de Jean Riel, dit “L’Irlandais” et de Marguerite Boucher, une métisse franco-indienne. Ce qui faisait de notre Louis un “Bois-Brûlé”.
A dix ans, le petit Louis intègre un établissement des Frères des Ecoles chrétiennes. Il poursuivra ses études à Montréal chez les Messieurs de Saint-Sulpice, puis chez les Sœurs grises.
En 1868, Louis Riel est de retour à Saint-Boniface. A cette époque, le Canada ne comprend que les provinces du Québec, de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse. Les territoires situés à l’ouest de l’Ontario sont connus sous le nom de Ruppert’s Land. Ils appartiennent à la féroce Compagnie de la Baie d’Hudson, qui mène la vie dure aux Bois-Brûlés, trappeurs hors pair qui leur font concurrence pour la traite des fourrures.
Après la vente des territoires de la Compagnie au Canada, il y aura une arrivée massive d’Ontariens, très majoritairement anglophones et protestants. Les Bois-Brûlés, eux, sont francophones et catholiques. Le 11 octobre 1869, seize Bois-Brûlés, emmenés par Louis Riel, refusent de céder leurs terres aux nouveaux arrivants. Le Canada envoie 300 soldats. Ce qui n’impressionne pas les Bois-Brûlés : ils occupent Fort Garry et forment un gouvernement. Riel est élu président. Chaque jour, les accrochages se multiplient entre les deux communautés, les insurgés restant cependant maîtres du terrain.
Les têtes de Riel et de ses compagnons sont alors mises à prix. Sur le point d’être capturé, Riel se réfugie à Montréal, puis dans l’Etat de New York. En 1879, il est interdit de séjour au Canada. Il se fait alors chasseur de bisons, puis bûcheron, au Montana. Il y épouse Marguerite Monet, dite “Belle Humeur”, une Bois-Brûlé elle aussi. Il en aura deux enfants. Devenu citoyen des Etats-Unis d’Amérique, il est nommé maître d’école en 1882. Le 4 juin de la même année, quatre Bois-Brûlés, Gabriel Dumont, Moïse Ouelette, James Isbiter et Michel Dumas, requièrent son aide : « On nous menace dans notre langue et notre religion. On nous vole nos terres. Il faut que tu nous aides. On t’attend tous ! »
En juillet 1884, il passe la frontière et rallie sur son nom les métis, les Indiens et les colons blancs opposés au gouvernement fédéral. Il établit un gouvernement provisoire. Le 26 mars 1885, une brutasse britannique, le major Crozier, 56 policiers, 41 miliciens, prétendent arrêter Riel. C’est l’affrontement. Crozier et les survivants de sa troupe repartent en courant. Les Indiens Cris, alliés des Bois-Brûlés, prennent d’assaut plusieurs forts fédéraux.
Le Canada envoie alors 5 000 hommes sous le commandement du général Middleton. Submergés par le nombre et le professionnalisme des British, les insurgés sont vaincus et Riel capturé. Accusé de “haute trahison”, il est jugé par un jury entièrement anglo-protestant. Le 1er août 1885, il est condamné à la pendaison.
Dans la nuit du 14 au 15 novembre, il reçoit les derniers sacrements. Le 16, il monte à l’échafaud sans frémir. Le 19, un service est chanté pour le repos de son âme en l’église Saint-Mary à Regina. Le 12 décembre, une messe de requiem est célébrée pour lui en la cathédrale de Saint-Boniface, sa ville natale. Son corps repose dans le cimetière de la cathédrale.
Aujourd’hui, le Canada célèbre en Louis Riel le fondateur du Manitoba et le défenseur des Bois-Brûlés et des Canadiens français.