En France, mieux vaut être “migrant” que Chinois!

Chaolin Zhang, tranquille père de famille âgé de 49 ans, couturier, roué de coups avec un de ses amis, le 7 août, à Aubervilliers, vient de succomber à ses blessures. Une énième agression envers des Chinois ou des Français d’origine chinoise, depuis des années et pour cette seule commune. À la mairie, on condamne, évidemment. Un crime au « mobile crapuleux » doublé d’un « ciblage raciste », dénonce le maire, PCF. Perpétré par trois individus de sexe masculin. Du profil des agresseurs, on ne sait rien. Ou plutôt, on sait tout, Meriem Derkoui s’empressant d’appeler à ne pas « céder à la division et à la stigmatisation »… Ce que son adjoint confirme : les deux Chinois, selon lui, ont été bêtement victimes de « préjugés ».

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Pour ceux qu’il ne faut donc pas stigmatiser, les Chinois seraient « des gens riches, avec de l’argent partout, c’est une proie facile » (sic). Et nous qui pensions que la discrétion, la simplicité, l’âpreté à la tâche sans arrogance ni ostentation caractérisaient le mieux le peuple de l’empire du Milieu ! L’adjoint Boualem Benkhenouf, silencieux sur ces points, ne partagerait donc pas nos « préjugés » à nous…

Le fait est que, depuis plusieurs années, à Aubervilliers mais aussi dans l’ensemble de la Seine-Saint-Denis comme partout en Île-de-France, les Chinois, français ou d’origine – au nombre compris entre 3 et 4.000 pour cette ville de 80.000 habitants – sont tout particulièrement les cibles d’agresseurs de plus en plus violents. De novembre 2015 à aujourd’hui, l’Association de l’amitié chinoise a recensé, au bas mot, 100 cas. Et jusqu’à trois agressions en un an pour une même personne. Fang, une étudiante, parle, elle aussi, de préjugés : pour leurs assaillants, les Chinois seraient des êtres « faibles, dociles, riches ». Des victimes idéales, donc. Et tout y passe : agressions verbales, physiques, vols, cambriolages, agressions à domicile et agressions sexuelles. À tel point que, dès qu’ils en ont la possibilité financière, nos amis quittent ces quartiers. Comme les autres…

Depuis une bonne dizaine années, il ne fait donc plus bon vivre comme un Chinois en France. Alors, la communauté qui « n’a pas l’habitude de protester et règle ses problèmes toute seule [juge qu’]aujourd’hui [on] ne peut plus se taire » et em> »demande de l’aide ». Ainsi s’exprime une jeune fille devant la photo de Chaolin Zhang. La « protection au quotidien » promise par Manuel Valls, en 2013 – un Valls parfaitement au courant des agressions ciblées dont elle fait l’objet -, n’a pas été très efficace…

Encore plus préoccupant : un rapport de 2009 – il est vrai, non représentatif – établi par une ex-association chinoise et envoyé à la direction générale de la police, à la préfecture, à la mairie de Paris, etc. – rapport qui ne sera jamais suivi d’effet -, fait mention de violences verbales et physiques commises par… des représentants de l’autorité. Et d’un acharnement de leur part à contrôler leur identité. Moins bien traités que les migrants venus de partout sauf de Chine, les Chinois ?

Mais qui va-t-il rester dans ces quartiers quand Chinois, Français et tant d’autres les auront totalement désertés ? En attendant, Chaolin est mort « pour rien, pour rien », répète sa veuve, effondrée, il n’avait pas d’argent sur lui… Un crime gratuit. Un crime de barbares.

Caroline Artus – Boulevard Voltaire

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