Selon le journaliste du Guardian Shaun Walker, ce n’est pas le grand froid hivernal, ni l’absence de fromages dans les magasins depuis l’embargo: c’est l’aneth.
“L’aneth est partout en Russie. C’est une herbe nationale qu’on ajoute dans chaque plat sans se rendre compte que même sa petite branchette est capable de saper n’importe quel mets”, estime le journaliste.
D’après une étude de l’agence Reuters, un Russe mange par an une quantité d’aneth suffisante pour remplir une valise.
“Qu’on trouve de l’aneth dans les plats russes nationaux, c’est une chose. Mais quand il apparait sur les pizzas, les sushi ou les quiches, c’est quand même autre chose. C’est comme si un Britannique aliéné décidait de servir de la paëlla avec de la sauce brune à Costa del Sol”, exclame M. Walker.
D’après le journaliste, quand un étranger veut exprimer son mécontentement en raison d’un excès d’aneth, “les Russes réagissent selon les stades de la mort annoncée selon Elisabeth Kübler-Ross”.
“Le déni vient en premier: “L’aneth? Non, pas vraiment. Je pense qu’on l’utilise un peu mais surement pas partout!”. Puis après vient la colère: “Quel est le problème? Si tu n’aimes pas cela, pourquoi vis-tu en Russie? Et je sais quelles saloperies vous mangez en Angleterre, vous faites des tartes aux reins!”. Puis, la colère fait place au marchandage: “Ok, on mange beaucoup d’aneth mais on mange aussi du persil! C’est magnifique, n’est-ce pas?”, raconte M. Walker.
Mais le journaliste britannique n’est pas le seul à s’exprimer contre l’aneth. Cécile de Lencquesaing, une Française amoureuse de Russie, remarque qu’elle a appris à marchander avec des chauffeurs des taxis et à se baigner dans des trous creusés dans la glace le jour de la Théophanie, mais elle trouve toujours qu’on ajoute trop d’aneth dans les plats préparés en Russie.
“On a même une page Facebook qui s’appelle Dillwatch. On y met les photos d’aneth qu’on trouve dans les plats inattendus. Moi, j’attends le moment où l’on va inventer une glace à l’aneth”, remarque Cécile.