Il y a fort longtemps, au milieu de la mer Friandise, existait une île ravissante qui s’appelait l’île Délice…
La vie y était merveilleuse. Ses habitants, les Délicieux, y menaient une existence paisible et gaie, au milieu de fleurs somptueuses et de beaucoup d’animaux très gentils.
Dans une île voisine, habitait la sorcière Patoxa. Elle était tellement jalouse des Délicieux qu’elle passait son temps à fabriquer des sortilèges pour anéantir leur bonheur. Elle était si sotte et si maladroite que depuis 327 ans, elle échouait toujours.
Hélàs, une nuit, elle se trompa dans ses mélanges et réussit…
Alors, les Délicieux devinrent tristes… Les oiseaux ne chantèrent plus. Les fleurs disparurent…
Mais pire encore ! Au château du bon roi Hélain IV, naquit une petite princesse si laide et si méchante que sa maman en mourut de chagin.
L’affreuse princesse Ortie ne tarda pas à désespérer son père, qui bientôt, mourut à son tour…
Et comme elle était fille unique, ce fut elle qui devint reine, au plus grand désespoir des Délicieux.
Ortie n’aimait personne ! Seul comptait son bon plaisir…
A peine assise sur le trône, elle ordonna d’arracher tous les arbres, toutes les plantes, toutes les fleurs et d’enfermer tous les animaux gentils.
– Ne laissez en liberté que les très méchants et les très dangereux!
Ortie n’aimait que ceux la. Deopuis son enfance, elle élevait Wahanta, un horrible animal, mélange de tous les animaux hideux et dangereux de la terre, un cadeau de Patoxa…
Quand elle devint reine, elle décida de donner une grande fête. Pour cet évènement, elle voulait une robe unique au monde !
Dans son esprit cruel, germa alors une horrible idée. C’est ainsi qu’elle chargea ses soldats d’une terrible mission
– Coupez à ras toutes les longues tresses des petites Délicieuses ! Et avec, faites tisser dans la nuit : ma robe ! Obéissez, sinon je vous fais dévorer tout crus par Wahanta.
Terrorisés, les soldats exécutèrent immédiatement l’ordre.
Ils partirent alors à travers toute l’île Délice, coupant à ras toutes les longues et belles tresses des petites Délicieuses.
Parmi ces malheureuses, il y avait une petite fille prénommée O’ana. Elle était cèlèbre pour avoir la chevelure la plus exceptionnelle que l’on ait jamais vue. Elle avait des tresses de deux métres… O’ana était orpheline et vivait seule avec sa petite pie Missy.
O’ana était désespérée d’avoir perdu ses longues tresses brunes.
– Ne pleure pas O’ana, lui disait Missy la pie, je vais voler jusqu’à l’île de ton parrain, l’enchanteur Alfredus, et je suis sure qu’il va t’aider.
Le lendemain, jour du couronnement d’Ortie, tous les Délicieux furent obligés, sous peine de mort, de venir admirer leur reine.
Coiffée d’un ridicule chapeau à plumes, elle se pavanait dans son abominable robe de cheveux. Ortie se tortillait car les cheveux la démangeaient, ce qui la rendait encore plus ridicule.
Elle avait exigé que chaque Délicieux lui offre un magnifique cadeau.
Ortie avait la liste de tous les Délicieux et gare à celui qui serait absent !
Et les Délicieux durent défiler pendant des heures et des heures… pour approcher et admirer l’abominable reine Ortie.
Ortie faisait fouetter tous ceux dont les cadeaux ne lui plaisait pas.
Vers la fin de la journée, alors que son tour approchait, O’ana tremblait de peur…
Tout à coup, la garde royale amena un vieux marin dont le bateau venait de couler près de l’île. De sa voix criarde Ortie hurla à l’étranger :
– Si tu ne m’offres pas un beau cadeau, je t’offre à mon Wahanta chéri pour son dessert !
Le vieux marin sortit alors de sa poche un mouchoir très usé et de ce mouchoir, un diamant gros comme un bonbon.
Ortie lui arracha la pierre des mains et ordonna qu’on donne le vieux marin à son Wahanta.
Le bijoutier royal se vit aussitôt menacer de millions de supplices, s’il ne fixait pas immédiatement ce diamant sur l’anneau qu’Ortie portait à son gros pouce boudiné.
Comme il avait très peur de finir dans l’estomac de Wahanta, le bijoutier le fit immédiatement.
Après avoir admiré trois secondes sa bague, Ortie fit jeter dans la cage de Wahanta seize délicieux au prétexte qu’ils étaient mal coiffés.
Son tour étant arrivé, en tremblant, O’ana se prosterna aux gros pieds d’Ortie.
Avec un chagrin immense, elle lui tendit une petite cage contenant Missy.
C’était l’enchanteur Alfredus qui lui avait demandé d’offrir ce cadeau à la reine.
Ortie, qui ne savait pas sourire, grimaça de satisfaction et O’ana put rentrer chez elle, saine et sauve.
Quand Ortie regagna son palais pour admirer tous ses cadeaux, elle ouvrit la porte de la cage pour voir Missy de plus près. Aussitôt, Missy se jeta sur son diamant, l’avala et s’envola par une fenêtre entrouverte.
Ortie entra alors dans une colère terrible !
Elle se roulait parterre, jetant ses jambes en tous sens, arrachant les plumes de son chapeau, déchirant sa robe, hurlant et menaçant tous ses soldats.
– Je veux O’ana et Ma pie ! Ici et tout de suite ! Je vais les donner à Wahanta qui les réduira en morceaux, petits, tout petits, minuscules… Si vous ne les retrouvez pas, c’est vous soldats, qui finirez en purée !
Immédiatement, les soldats partirent chercher O’ana et Missy.
Après un detour chez l’enchanteur Alfredus, Missy vint retrouver O’ana. La petite fille sanglotait. Elle était si malheureuse d’avoir perdu sa meilleure amie. Missy se posa sur son épaule :
-Me revoilà ! Ne t’inquiète pas, tout va s’arranger. Oui, c’est bien moi, ne te frotte pas les yeux aussi fort. Ils sont déjà suffisamment rouges. Prends ce paquet que l’enchanteur Alfredus vient de me donner pour toi. Il a dit que tu en fasses ce que tu en voudras.
O’ana ouvrit la boite et découvrit une centaine de diamants… Plus gros, plus étincellants que celui offert par le vieux marin à la si méchante reine Ortie.
La petite fille les avait à peine glissés dans la poche de son tablier que les soldats enfonçaient sa porte à coups de pieds.
Missy s’envola immédiatement.
Trainée au palais, O’ana fut accueilile par Ortie, plus folle de rage encore.
– Où est ma pie ! Je veux ma pie !
– J’ignore où est votre pie grande altesse majestueuse et sérénissime.
– Puisque tu refuses de me dire où est ma pie, je vais te mettre dans la cage de Wahanta chéri !
A cet instant, Missy se posa sur la main d’Ortie :
– Coucou, je suis là, grande altesse majestueuse et sérénissime !
Et en un éclair de seconde, Missy avala le gros diamant qu’elle portait au pouce.
D’un geste brutal, Ortie essaya de l’attraper. Mais la petite pie lui échappa…
– Tu vas me render mon gros diamant, sinon je te plume vivante, sale petite jacasse.
Ortie criait, sautait mais elle était si grosse qu’elle tombait et roulait. Missy voletait autour d’elle en ricanant, ce qui augmentait sa fureur.
Au bout d’un moment, épuisée par ses vains efforts, Ortie s’écroula sur son trône.
O’ana profita de cette minute de calme pour lui parler :
– Que sa grande altesse majestueuse et sérénissime s’apaise, j’ai des diamants encore plus beaux et plus nombreux à vous offrir, grande altesse majestueuse et sérénissime.
– Donne moi ça tout de suite, horreur sans tresse !
O’ana lui montra les diamants. Leur éclat éblouit tant Ortie qu’elle oublia celui que Missy lui avait pris.
– Je vais m’en faire fabriquer un superbe collier !
– Certainement, grande altesse majestueuse et sérénissime. Mais je ne vous les donnerai que lorsque vous aurez fait libérer tous les Délicieux qui sont dans votre prison.
Subjuguée, fascinée, par les diamants, la capricieuse Ortie fit immédiatement libérer tous les prisonniers.
O’ana lui donna les pierres et s’enfuit très vite avec Missy.
D’un coup, sans savoir comment, elle se retrouva minuscule, si petite qu’elle put s’envoler sur le dos de sa pie. Et en quelques secondes, O’ana se retrouva chez son parrain, l’enchanteur Albertus. Il n’avait pas encore retrouvé son apparence habituelle et O’ana reconnut le vieux marin dont le bateau avait coulé…
Ortie occupée par ses diamants, les Délicieux libérés, il fallait maintenant que l’île Délice redevienne un paradis.
L’enchanteur Alfredus y travailla un jour et une nuit, sans s’arrêter.
Enfin, il trouva la formule magique pour anénnatir le sortilège de la sorcière Patoxa.
Folle de rage, Patoxa monta sur son vieux balais et partit prendre sa retraite, à l’autre bout de l’univers, dans l’île des vieilles sorcières méchantes.
Quant à la reine Ortie, elle fut dévorée par son Wahanta chéri…
Les Délicieux décidèrent alors que leur nouvelle reine serait O’ana.
L’enchanteur Albertus découvrit une potion magique qui, instanténement, fit repousser toutes les tresses des petites Délicieuses;
Pour le remercier de ses bienfaits, O’ana le nomma ministre du Bonheur.
C’est ainsi que les Délicieux vécurent heureux à tout jamais.
Flonflon Pacotille