Charles Maurras est bien vivant. Sa pensée ne cesse d’irriguer les domaines de la politique, de la culture et de la littérature. Ses héritiers sont nombreux aujourd’hui encore. Avec ce Petit dictionnaire maurrassien, Stéphane Blanchonnet nous offre la possibilité d’aborder avec facilité et efficacité le continent maurrassien.
Nous retrouvons ici ses chroniques doctrinales publiées entre décembre 2015 et décembre 2016 dans L’Action Française, augmentées d’articles originaux, de portraits, d’annexes et de nombreuses notes.
Pendant ses années d’étudiant en lettres à Lyon, il dirige l’Institut d’Action française local (il organise notamment des conférences avec François Bluche, André Corvisier, Bernard Lugan, Bernard Demotz). En 1996, il soutient un mémoire de maîtrise sur Jean-Marc Bernard, écrivain originaire de la vallée du Rhône, ami de Gide et de Jules Romains, disciple de Maurras, poète fantaisiste et néo-classique, adaptateur des Rubayats d’Omar Khayyam, mort héroïquement en 1915, et auteur d’une œuvre poétique et critique particulièrement représentative de sa génération.
Il est professeur agrégé de lettres modernes et enseigne dans un lycée lyonnais. Il préside le Comité directeur de l’Action française, est membre du bureau politique du mouvement et responsable de sa section lyonnaise.
Stéphane Blanchonnet est né en Ardèche, à Annonay, en 1974. Intéressé très tôt par l’histoire, la politique et le combat des idées, il adhère en 1992, année de son baccalauréat, à la Restauration Nationale. Rapidement, il commence à écrire dans L’Action Française hebdo ainsi que dans Le Vivarais royaliste, petite revue qu’il crée avec quelques amis et qui reçoit le soutien de Michel Fromentoux et de Gustave Thibon.
Extrait 1
L’AF est à l’origine un groupe de réflexion, un rassemblement d’intellectuels patriotes sans préjugés politiques (notamment quant à la forme du régime) et décidés à rechercher les conditions d’un redressement national. De là découlent deux caractéristiques que le mouvement a conservées jusqu’à nos jours : la méfiance à l’égard des idéologies et la capacité à accueillir positivement toute pensée et toute action allant dans le sens de l’intérêt national, même quand elles sont le fait d’adversaires politiques.
Extrait 2
Pour Maurras, comme pour Platon dans La République, la démocratie c’est le mal, la démocratie c’est la mort. Le gouvernement du nombre est soit le masque de l’oligarchie, quand le nombre se donne à l’Or et à ses représentants, comme dans les démocraties bourgeoises et parlementaires, soit celui de la tyrannie, du césarisme, quand le nombre se donne à un homme fort, à un parvenu charismatique.
Maurras n’est donc pas démocrate. Mais il est démophile. C’est par amour du peuple, comme il l’affirme avec force dans Libéralisme et libertés, démocratie et peuple (1906), qu’il lui propose de renoncer à l’illusion de se gouverner lui-même, non seulement pour être mieux gouverné mais encore pour reconquérir les libertés et les prérogatives que l’État démocratique lui a impunément volées à lui, homme concret, membre de communautés naturelles ou d’intérêt, au nom de la prétendue volonté générale que cet État omnipotent prétend seul incarner.
Extrait 3
Le « nationalisme intégral » n’a jamais désigné autre chose pour Maurras que la monarchie elle-même, en tant qu’elle répond « intégralement » aux attentes des nationalistes français. Toute autre interprétation, notamment celle qui en ferait l’expression d’un nationalisme exacerbé, est erronée ou malveillante.
Extrait 4
Le roman national est une invention républicaine née de l’absence du roi. Il a fallu substituer à l’incarnation vivante de notre histoire qu’était le monarque, un récit mobilisateur censé donner des couleurs et de la chair au contrat social. Cette nécessité était d’autant plus grande que s’ajoutait à l’absence du roi la destruction des corps intermédiaires (provinces, corporations), éléments également fondamentaux de l’identité française sous l’Ancien Régime.