Dans le hall d’entrée de l’Institut de psychiatrie du King’s College de Londres, des bustes honorent la mémoire de ses deux figures fondatrices – des hommes blancs. Un climat «aliénant» auquel la direction a décidé de mettre fin.
Les professeurs Henry Maudsley et Frederick Mot n’ont pas seulement fait avancer la recherche médicale dans les années 1920 : ils ont également contribué à fonder l’Institut de psychiatrie, de psychologie et de neuroscience du King’s College de Londres, l’un des établissements d’enseignement supérieur les plus prestigieux au monde. Si leur génie leur a valu de passer à la postérité, il se pourrait néanmoins que la couleur de leur peau les en fasse disparaître, au moins symboliquement.
En effet, les bustes de ces deux éminents professeurs britanniques, qui ornent le hall d’entrée de l’Institut, fondé en 1924, seraient trop «intimidants pour les minorités ethniques» qui y étudient selon les termes du doyen de l’Institut, Patrick Leman, rapportés par la presse britannique. Après avoir reçu plusieurs plaintes d’associations d’étudiants, celui-ci a finalement reconnu que les bustes des deux professeurs, ainsi que ceux d’autres chercheurs, trônant à l’intérieur du bâtiment, représentaient «presque exclusivement des hommes d’âge mûr et de couleur blanche». Pour atténuer le présumé caractère discriminatoire de ces représentations, les sculptures et portraits représentant Henry Maudsley, Frederick Mot et d’autres figures illustres de l’établissement seront donc remplacées, dans le hall d’entrée, par un «mur de la diversité».
«Nous ne jetons rien à la poubelle», se défend Patrick Leman. «Il s’agit juste de rendre l’Institut moins aliénant», explique-t-il. Les bustes et tableaux en question seront donc décrochés et exposés ailleurs, moins en évidence, afin de faire une plus grande place aux universitaires issus de minorités. «Nous essayons de refléter la diversité de nos étudiants, mais aussi d’être plus interculturels, plus internationaux dans notre approche du développement des sciences», assure le doyen.
Autre mesure annoncée pour combattre le racisme larvé que véhiculeraient certains matériels d’enseignement : les planches et diagrammes anatomiques proposés aux élèves présenteront à l’avenir des corps de différentes couleurs.
Ce n’est pas la première fois que des étudiants exigent, dans le monde universitaire britannique, une moindre représentation des figures historiques blanches. En janvier dernier, des étudiants de l’Ecole des études orientales et africaines de l’Université de Londres avaient demandé que des philosophes tels que Platon, Aristote, Voltaire, Descartes ou encore Kant, soient bannis du programme de philosophie. Jugés peu pertinents parce que rédigés par des philosophes européens blancs, les ouvrages de ces auteurs devaient, selon eux, céder la place à des ouvrages d’auteurs africains et asiatiques.