Comme on l’annonce partout, hier la Turquie a vécu un coup d’Etat. Comme on l’annonce; le coup d’Etat a avorté et l’ordre constitutionnel est revenu. La réalité est peut-être toute autre et Erdogan avance dans son projet de modification constitutionnelle en sa faveur Après observation des événements survenus en Turquie hier soir 15 juillet et les avoir recoupés avec des informations glanées ici et là je vous soumets quelques éléments d’analyse à chaud et une conclusion qui en découle :
Le coup d’Etat a été très court – factuellement moins de 6 heures.
Durant le coup d’Etat, aucun responsable politique du régime d’Erdogan ni aucun chef de la police n’a été arrêté par les putschistes. Seul a été arrêté le commandant en chef de l’armée.
Un seul coup (missile lancé d’un avion) a été tiré sur le lieu supposé où se serait trouvé Erdogan.
Les chars n’étaient pas appuyé par une infanterie conséquente et de facto ne représentent presque aucune menace en ville.
Les militaires ont peu de pertes (2 morts apparemment de leur côté – 47 du côté des forces spéciales). Ils ont globalement très peu combattu et se sont rendus très vite.
La « population » est descendue dans la rue spontanément en pleine nuit pour défendre le régime.
Depuis trois jours, les ambassades de France, des Etats-Unis, du Royaume-Uni sont fermées ou au ralenti. Sans que cela ait été justifié.
Déjà dans la nuit, la police – fidèle au régime – arrêtait des militaires (près de 3000 pour le moment). 5 généraux d’importance et 29 officiers supérieurs qui comptent ont également été arrêtés.
A 15h aujourd’hui, les divers responsables des partis politiques de Turquie passeront les uns à la suite des autres pour dénoncer le coup d’Etat et appuyer Erdogan et la « démocratie ». Toute contestation ou formulation de doute à ce moment sera bien entendu très dangereuse (Erdogan a plusieurs dois été près de lever l’immunité parlementaire des députés, en particulier ceux du HDP).
Bref, pour un coup d’Etat, en particulier de la très sérieuse armée turque, il ni fait ni à faire. Pour le moins, c’est un coup d’Etat mal préparé et frappé d’amateurisme.(…)
Mon analyse à chaud est que tout cela profite à Erdogan.
Il élimine la tête d’une armée traditionnellement kémaliste, qui ne lui est pas acquise et qui a laisser paraître cette année des velléités d’autonomie par rapport au régime en particulier depuis l’affaiblissement d’Erdogan sur la scène internationale.
Il met au pas l’opposition interne dans un contexte de vives tensions intérieurs (sociales, économiques, politiques et même de guerre civile avec les Kurdes).
Il redore son blason au niveau international et s’offre à bon compte une image de défenseur de la démocratie (c’est mieux que celle de dictateur en herbe, d’associé de Daesh ou d’instigateur d’une guerre civile avec les Kurdes).
En conclusion, pour ma part il s’agit d’un faux coup d’Etat orchestré par Erdogan, l’AKP et les durs du régime.(…)
En fait, un putsch a bien eu lieu hier en Turquie… et il a réussi.