La crise en Grèce, le krach en Chine — ces deux problèmes ont un thème similaire. Ce sont tous deux des escarmouches dans ce que l’Histoire pourrait venir à considérer comme les Guerres zombies. D’un côté : la Fed, la NSA, l’industrie financière, la BCE, le dollar, l’euro, les taxis, le QE, les guerres contre la terreur/la pauvreté/l’analphabétisme/les drogues, et de très très nombreux autres… De l’autre : Airbnb, Uber, les crypto-devises, M. et Mme Tout-le-Monde, les petites entreprises, les familles, l’or, les jeunes, les épargnants, les chauffeurs de camions, les entrepreneurs, les marchés — et des millions de gens honnêtes qui mènent et gagnent leur vie du mieux qu’ils peuvent sans pointer un pistolet sur la tempe d’un autre.
Oui, cher lecteur — peut-être avons-nous trop bu ou pas assez mangé. Mais la nuit dernière, nous avons eu une vision. Elle révélait l’ensemble du tableau d’une manière qui nous était inconnue. Les zombies, si vous vous rappelez bien, sont des gens et des institutions qui vivent aux dépens des autres. Comment ? Certains sont des criminels en free lance… mais la plupart dépendent du gouvernement pour obtenir la chair fraîche dont ils ont besoin. Les gens ne se donnent pas volontiers en pâture. Ils s’enfuient. Ils se cachent. Ils essaient de se protéger. Mais le gouvernement a un monopole territorial sur la seule chose qui fait la différence — la violence.
Aujourd’hui, nous nous abaissons donc à admirer l’institution elle-même — le gouvernement. Quel racket magnifiquement organisé ! Il prélève généralement entre 20% et 50% de la production économique totale. Il fixe les règles. Il impose le rythme. Et malheur à quiconque ou quoi que ce soit qui se met en travers de son chemin.
On peut diviser une économie en trois domaines. Les ménages, les entreprises et le gouvernement. Des trois, le gouvernement est de loin dans la meilleure position. Tout le monde en est client, qu’on le veuille ou non. Lorsqu’on contrôle le gouvernement, on fixe les termes des accords avec les autres domaines… et on peut changer ces termes quand on veut. C’est pour ça qu’il y a autant d’argent en politique : parce qu’on peut gagner autant d’argent grâce à la politique.
Une personne peut entrer au gouvernement avec rien — elle ressortira avec une fortune. Dick Cheney, par exemple, a brassé beaucoup d’air pendant toute sa carrière politique — à part un bref épisode au sein d’une entreprises de la défense, copinant avec le gouvernement. Il aurait à présent 80 millions de dollars. Ou Hillary Clinton. Elle n’a jamais tenu d’emploi dans l’économie productive. Pourtant, on dit qu’elle vaudrait 21 millions de dollars.
Les politiciens qui ont réussi obtiennent les meilleures places de parking… les plus beaux bureaux… et autres avantages et privilèges dont personne d’autre ne profite. Les politiciens s’épargnent aussi régulièrement les lois et les réglementations qu’ils appliquent aux autres.
En ce qui concerne les entreprises, le gouvernement entretient une relation compliquée avec elles. Chaque entreprise est une source de fonds. En plus de l’argent que les politiques obtiennent grâce à la taxation, aux confiscations et autres formes de prédation, ils reçoivent aussi des pots-de-vin sous diverses formes. Un politicien retraité, par exemple, peut envisager une carrière comme lobbyiste dans les secteurs qu’il a défendu pendant qu’il était en poste. Ou bien il peut gagner de l’argent en prononçant des discours ennuyeux devant des groupes industriels. Il peut choisir de faire un peu de consulting, également, ou hanter des conseils d’administration.
Les entreprises commencent généralement par être productives. Mais quasiment toutes ont des tendances zombies. Une fois qu’elles atteignent une certaine taille, elles reconnaissent que le meilleur investissement qu’elles puissent faire, c’est dans la politique. Elles embauchent des lobbyistes. Elles se lancent dans le capitalisme de copinage. En retour, le gouvernement met en place des réglementations visant à étouffer la concurrence. Et les ménages ? Ils grognent et râlent… mais généralement, les masses adorent le gouvernement.
Les gens pensent que les entrepreneurs et hommes d’affaires ne sont que d’avides profiteurs… alors que ceux qui gèrent le racket gouvernemental sont souvent considérés comme appartenant à la même catégorie que les saints, les stars de la télévision et les héros sportifs. Il suffit de regarder les statues dans n’importe quelle grande ville : où est la statue d’Henry Ford ? Où est le buste de marbre d’Alexander Fleming, qui a découvert la pénicilline ? Où est la colonne en l’honneur de Sam Walton, fondateur de Wal-Mart ?
Question politiciens et hommes d’Etat, en revanche… ce ne sont pas les monuments qui manquent !