Biais d’alternance?

Si l’on demande à un grand nombre de personnes de créer des suites de lettres en utilisant A et B par exemple, ils auront tendance à alterner démesurément les lettres –comme ABABBA– en considérant que cela s’approche du hasard. A contrario, aucun d’eux ou presque ne pensera à écrire AAAAAA ou BBBBBB, alors que la probabilité d’être produite par hasard est la même pour ces deux suites uniformes que pour la première. Ce phénomène est bien connu des psychologues. Ils lui ont donné le joli nom de «biais d’alternance».
Le biais d’alternance est intuitivement convoqué dans les jeux où les options offertes aux acteurs sont binaires. Au jeu du lancer de pièce, nous avons tous tendance à croire qu’un «pile» va succéder à un «face» dans 60% des cas, alors que la probabilité reste de 50% à chaque nouveau lancé. Par ailleurs, plus le tirage est uniforme, plus nous exagérons la probabilité qui va suivre. Après une série de trois «pile», nous imaginons dans 80% des cas que notre lancer aboutira à un «face», alors que la probabilité est encore et toujours de 50%.
Si les conséquences au jeu du pile ou face sont souvent anodines, elles ne sont pas les mêmes dans les jeux dits de hasard: jeux à gratter ou loto. Plus un individu collectionnera les défaites, plus il aura l’impression de se rapprocher de la victoire, convaincu qu’il est impossible que le sort continue à s’acharner sur lui à ce point. Il a en réalité rigoureusement le même nombre de chances de gagner ou de perdre que la fois précédente.
Si vous vous reconnaissez et affirmez parfois que «le vent finira bien par tourner», il est temps de réinitialiser votre logiciel. Ces expressions de type «jamais deux sans trois» ou «un malheur n’arrive jamais seul» iront elles aussi à la poubelle. Elles n’ont aucun sens, parole de scientifique.

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