Les professionnels du marketing le savent, leur cœur de cible prend de l’âge chaque année car le pouvoir d’achat fuit les jeunes. Les sociologues le savent, l’aide inter-générationnelle s’est inversée, les parents ou grand-parents venant en aide à leur progéniture. L’INSEE, avec toute la pesanteur de son langage cherchant à dépolitiser le débat, met des chiffres et quantifie le phénomène.
Comme souvent, voici une excellente étude de l’INSEE, qui se penche sur des aspects les plus importants de l’évolution sociologique récente de la France. La panne de l’ascenseur social, l’inversion générationnel de la richesse. Cette étude reprend thème par thème les différents points de comparaison. L’accession à la propriété, le niveau de vie, l’aide intergénérationnelle, la santé.
Il en ressort que les cohortes nées jusqu’à la fin des années 1940 bénéficiaient d’un net progrès générationnel : d’une génération à la suivante, les conditions d’emploi étaient plus favorables à l’entrée sur le marché du travail, le niveau de vie augmentait régulièrement, l’accès était plus fréquent à l’éducation et à la propriété d’un logement. Ce progrès s’est fortement ralenti, voire interrompu à plusieurs égards, pour les générations des années 1950 et 1960.
Les causes, selon l’INSEE : “La dégradation du marché du travail a rendu en effet plus difficile l’accès au premier emploi tandis que le resserrement du crédit a touché a priori davantage les nouvelles générations, qui n’ont pas encore de patrimoine, que les plus âgées, qui en disposent. Si elles ont une certaine rémanence, ces difficultés peuvent constituer un handicap dans l’accès à l’emploi stable et au logement. Elles peuvent fragiliser tout particulièrement ceux ayant une qualification et/ou une position sociale peu élevée.”; “Dans les entreprises, le recrutement de jeunes diplômés prendrait de fait le pas sur la promotion interne. De plus, parmi les diplômés du supérieur, la proportion de cadres diminue très sensiblementau fil des générations, plus particulièrement pour celles nées à partir de la fin des années 1960 :la structure des diplômes s’est en effet déplacée plus vite vers le haut que la structure des emplois.Cette relative dévaluation des diplômes se constate également du point de vue salarial. Le salaire des jeunes non-diplômés progresse d’une cohorte d’entrants sur le marché du travail à l’autre, à ancienneté donnée, reflétant sans doute pour une grande part l’évolution du Smic. Ce n’est pas le cas des diplômés, dont le salaire ne progresse pas au fil des cohortes. Ceci peut être associé au déclassement professionnel des diplômés déjà évoqué. En outre, pour les professions qualifiées, une pression à la baisse des salaires a pu également s’opérer du fait de l’afflux de diplômés. Enfin, les hausses de Smic se répercuteraient peu, sinon pas du tout, sur lehaut de l’échelle des salaires“.
Comme toujours avec L’INSEE (qui dépend de Bercy), il faut lire entre les lignes. La dévalorisation des diplômes, si elle est pointée du doigt par l’INSEE, n’est pas “la faute à pas de chance”, mais le résultat d’une politique menée depuis quarante ans qui a détruit les fondamentaux de l’école, tant primaire que secondaire pour faire de l’Education nationale et ses affidés un véhicule endoctrinant et socialement sclérosant, abandonnant ainsi les grand principes de progrès social et individuel par la connaissance qui furent à l’origine de sa création. Le marché de l’emploi n’est pas non plus le résultat de phénomènes extraordinaires auxquels nous serions confrontés malgré nous. C’est le résultat de quarante ans de politique de désindustrialisation voulue et menée en toute connaissance de cause.
Ce rapport est passionnant. Sera-t-il lu par nos dirigeants ? Sauront-ils en tirer les conclusions qui s’imposent ? Ou, au contraire, seront-ils satisfaits de ces résultats, conformes à leurs attentes ? A vous, lecteurs des Nouvelles de France, d’en prendre connaissance et de vous faire votre opinion. Une société qui ne progresse pas régresse.
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