Ben oui, monsieur l’étudiant gnangnan, on va te sélectionner. Et si on ne le fait pas « post-bac » on le fera « pré-boulot ». Il faut que tu saches, dès maintenant, que personne n’embauche, en poste à responsabilités, un adultescent invertébré de 30 piges, multirécidiviste de premières années et des occupations, même s’il finit « master deux » en socio à Rennes. Donc à l’entrée ou à la sortie, en début ou en fin de cycle, à un moment donné, il faudra bien qu’on te dise, petit génie, que tu ne fais pas l’affaire.
Probablement que tu es intelligent, sûrement que t’es un gars gentil, aucun doute que tu interagis sur les réseaux sociaux, que tu as des « followers » (disciples), des amis sur Facebook et que tu « likes » (aimes) les « post » (publication) qui prônent une société alternative, mais un master en pensée yaourt ou un doctorat en conscience molle, tout le monde s’en fout dans la vraie vie. La fac, vois-tu, ça n’est pas l’école des fans ni la Cotorep des carencés du bulbe, pas non plus un foyer occupationnel, encore moins la crèche où maman te dépose avec ton goûter.
Nous, la France responsable et imposable qui allons payer tes études, nous voudrions juste savoir si entre le biberon et le chichon (drogue), il s’est passé quelque chose dans ta vie et dans ta tête. Il faut un poil de sens du travail, d’énergie, de curiosité intellectuelle, de pugnacité, d’envie, pour réussir en fac et dans la vie. Et, quand nous te voyons, nous la France au boulot, avachi dans ta fac occupée et taguée, zadiste de ta friche intellectuelle et manifestant de ton nombril, on se dit que le seul poil que tu as il est dans ta main. Nous n’avons alors que moyennement envie de payer les dégâts et de te refaire une fac toute neuve pour que tu y collectionnes les premières années, les occupations et les dégradations.
Non, la faculté n’est pas un dû, elle est un bien commun, celui de la recherche, du savoir, de la connaissance, de la culture, et de la transmission, elle est un héritage ! Le mérites-tu ?
Pasquin – L’Homme Nouveau
Que ce soit à Nanterre, à Lyon ou à Marseille, des bloqueurs d’université cherchent à empêcher le déroulement des examens. Les autorités, tant politiques qu’universitaires, par pusillanimité, refusent de faire respecter le droit en laissant faire ces bloqueurs.
On a déjà beaucoup dit que ces bloqueurs sont minoritaires. Il faut dire aussi que ce sont, le plus souvent, de faux étudiants. Inscrits en université pour bénéficier d’une couverture sociale et parfois pour toucher une bourse, ils fréquentent plus les squats que les amphithéâtres, les feuilles entre leurs doigts sont plus souvent celles des joints qu’ils se roulent que celles des livres de la bibliothèque.
Ces étudiants zombis savent bien qu’ils n’ont aucune chance de décrocher un diplôme ; ce n’est, d’ailleurs, pas leur objectif. L’objectif est de profiter le plus longtemps possible de la situation : redoublement, changement de filière, cela peut permettre de tenir quelques années. Mais le blocage assorti de la revendication de la validation automatique des partiels permettrait de gagner encore du temps. Les raisons mises en avant pour légitimer leur action ne sont qu’un prétexte.
Céder à cette revendication enlèverait tout crédit aux diplômes des facultés concernées. C’est ce qui est arrivé au baccalauréat, qui n’a plus, du diplôme universitaire, que le nom. En ce sens, la procédure visant à faire passer les partiels en ligne est salutaire. Elle est un refus de céder au terrorisme de groupuscules qui ne représentent rien.
Ce n’est cependant qu’un pis-aller. Même encadrée de mécanismes de contrôle, de logiciels anti-fraude, tout le monde comprendra que ces examens ne pourront être aussi rigoureux que s’ils étaient passés dans des conditions normales. Le refus du gouvernement de libérer les universités occupées, le refus d’utiliser la force légitime de l’État pour faire respecter le droit des étudiants à des examens sérieux sont un aveu de faiblesse du gouvernement et un affaiblissement supplémentaire pour l’université.
Alors que, dans le monde, les universités sont les pôles d’excellence de la recherche et de la transmission du savoir, en France elles sont devenues le dernier recours des étudiants les moins brillants. Spécialement certaines universités de sciences humaines.
Il ne faut, certes, pas faire reposer l’entière responsabilité de cet état de fait sur le seul gouvernement actuel. Depuis cinquante ans, les gouvernements successifs ont abandonné toute ambition pour l’université. Ils y ont laissé entrer par démagogie un flot d’étudiants n’ayant pas le niveau pour y réussir, prolétariat intellectuel rêvé pour des organisations extrémistes et logomachiques. L’hallucinante conférence de presse de Tolbiac, présidée par un chien, est le résultat de cette politique de plusieurs décennies. L’institution établie au XIIIe siècle par Saint Louis est aujourd’hui mal en point.
La réforme de l’accès à l’université que le ministre de l’Éducation nationale mène est un pas, timide et insuffisant, pour tenter de pallier la chienlit qui s’est installée depuis 1968 dans beaucoup de facultés. Il faudrait, pour qu’il puisse porter des fruits, que l’État ose s’opposer à la violence illégitime et, pour tout dire, fascisante des groupuscules d’extrême gauche. Il faudrait, pour cela, un courage auquel les gouvernements, soumis au politiquement correct depuis bien longtemps, ne nous ont pas habitués.
Pierre van Ommeslaeghe – Boulevard Voltaire