Lorsque le douzième coup de midi tombe du clocher des Accoules, un peu plus bas, sur les quais du Vieux-Port, les poissonnières se mettent à crier : “Les vivants au prix des morts !” Et chaque touriste se demande s’il s’agit du poisson ou de tous ces hommes abattus sur un trottoir, sous l’aveuglante lumière de Marseille… A Marseille, René n’y va plus que rarement. Il préfère marcher dans les collines de l’arrière-pays, profiter de la lumière miraculeuse de sa Provence et de la douceur d’Isabelle. Il va toutefois être contraint de retrouver la ville pour rendre service à Kader, un encombrant revenant. Kader qu’il a connu lorsqu’il animait des ateliers d’écriture à la prison des Raumettes, belle gueule de voyou, spécialiste de l’évasion. Kader, qu’il voit débarquer un jour à Manosque traqué par toutes les polices, en quête d’une planque, bien avant la fin prévue de sa longue peine.
Dès lors, il est à craindre que le prix des vivants soit fortement revu à la baisse… Commence un face-à-face entre le silence de l’écriture et celui des quartiers d’isolement, entre la petite musique des mots et le fracas des balles. Au fil de l’intrigue haletante, René Frégni entraîne le lecteur de surprise en surprise, tout en célébrant de son écriture brutale et sensuelle la puissance de la nature et la beauté des femmes.