Des tests à l’aveugle, réalisés auprès de 137 auditeurs, mettent à mal la réputation légendaire des violons fabriqués par Antonio Stradivari au XVIIIe siècle.
On ne juge pas de la valeur d’un instrument de musique à son nom. C’est ce qui ressort d’une étude menée par des chercheurs du CNRS qui compare la projection du son de violons récents à celle des violons fabriqués par le célèbre luthier Antonio Stradivari, il y a plus de 300 ans.
« La projection du son est la capacité d’un instrument à remplir l’espace lors d’un concert, à porter jusqu’au fond d’une salle ou à passer au-dessus d’un orchestre », expliquent en préalable les auteurs de cette étude. Un phénomène particulièrement important pour les solistes.
Les conclusions de l’étude sont sans appel : les violons récents ont été jugés en moyenne supérieurs aux anciens. En outre, l’auditoire n’est pas parvenu à distinguer systématiquement les deux types de violons. Des conclusions identiques avaient été tirées de deux études réalisées en 2010 et 2012 auprès de violonistes et non de l’auditoire.
« Les solistes auraient intérêt à privilégier les violons récents pour leurs concours, leurs auditions et leurs concerts, à condition que la provenance de leur instrument reste inconnue du jury et des auditeurs », en concluent les auteurs. En outre, « inciter les violonistes à effectuer des tests en aveugle leur permettrait de porter leur choix sur un instrument sans être influencés par le prestige associé à un célèbre nom de luthier », assènent-ils.
Il n’empêche, les violons fabriqués par le maître artisan Antonio Stradivari au XVIIIe siècle valent encore aujourd’hui des millions de dollars. En juin 2011, par exemple, le violon Lady Blunt a été vendu aux enchères à un prix de 11 millions d’euros.