Ce dimanche, quatre femmes seront canonisées au cours d’une messe solennelle place Saint Pierre, présidée par le Pape François : deux Palestiniennes, Marie de Jésus Crucifié (Mariam Baouardy) et Marie-Alphonsine Ghattas, une Italienne, Marie Cristina dell’Immacolata, et une française, Jeanne-Émilie de Villeneuve.
L’aube de la Révolution industrielle
Née à Toulouse en 1811, Jeanne-Émilie de Villeneuve se montre très vite touchée par la misère sociale qu’elle découvre autour d’elle, à l’aube de la Révolution industrielle. En 1836, elle fonde la congrégation de Notre-Dame de l’Immaculée Conception, au service des plus démunis, des malades, des orphelins, des prostituées et des prisonniers… « Les sœurs bleues » : c’est le nom qu’on donnera à ces religieuses, en raison de la couleur de leur habit. Elles sont à l’heure actuelle près de 600, dans une quinzaine de pays. “Aller là où la voix du pauvre nous appelle” : c’est la devise de la congrégation. Jusqu’au bout, l’option préférentielle pour les pauvres restera au cœur de la vie de Jeanne-Émilie de Villeneuve, qui succombera en 1854 à une épidémie de choléra, à Castres (Tarn). Elle sera béatifiée en 2009, par Benoît XVI.
Vous pourrez suivre la messe de canonisation en direct à 10 sur l’antenne de KTO TV. La France y sera notamment représentée par le ministre de l’intérieur, également en charge des cultes, Bernard Cazeneuve. Le président palestinien Mahmoud Abbas assistera également à cette célébration. Au total est attendue sur place pour la canonisation de Jeanne-Émilie de Villeneuve une délégation de près de 900 personnes, dont 300 venues de France, mais aussi de nombreux pays à travers le monde : Argentine, Uruguay, Brésil, Espagne, Gabon, Paraguay, Philippines, Sénégal et Bénin. Mgr Jean Legrez, Archevêque d’Albi, Castres et Lavaur, concélèbrera la messe avec le pape François, en présence également de Mgr Benjamin N’Diaye, archevêque de Dakar et de Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse (ville natale d’Émilie).
Lors de la procession, durant la cérémonie place Saint-Pierre, Sr. Nuria Bayó Blasco, Supérieure générale de Notre-Dame de l’Immaculée Conception, portera le reliquaire contenant un morceau d’étoffe tâché du sang de Mère Jeanne Émilie de Villeneuve, prélevé sur l’habit qu’elle portait au moment de sa mort. Françoise de Villeneuve, représentante de la famille de la sainte, portera un bouquet de fleur. La petite Emily (enfant ayant bénéficié du deuxième miracle) participera à la procession des offrandes apportées au pape François, avec ses parents.
Jeanne-Émilie, une vie donnée aux autres…
Jeanne Émilie de Villeneuve est née à Toulouse le 9 mars 1811 et décédée à Castres le 2 octobre 1854. Dès son plus jeune âge, elle vit au château d’ Hauterive (près de Castres), où sa mère malade s’est retirée pour se soigner. Elle perd sa mère à l’âge de 14 ans et trois ans après sa sœur Octavie.
Après le décès maternel, elle vit quelque temps à Toulouse où sa grand-mère prend en charge son éducation et celle de ses sœurs. À 19 ans, Jeanne-Émilie est de retour à Hauterive, où elle gère la vie familiale, soulageant de cette tâche son père, alors maire de Castres (de 1826 à 1830). Elle envisage de rejoindre les “Filles de la Charité”. Mais, pendant le délai de réflexion imposé par son père, elle crée (avec l’accord de son évêque), et en collaboration avec deux compagnes, la Congrégation de Notre Dame de l’Immaculée Conception, le 8 décembre 1836. La communauté religieuse est rapidement connue sous le vocable de “sœurs Bleues de Castres” en raison de la couleur de leur habit.
Dans l’anonymat d’une maison de Castres, elle sert les plus démunis avec ses compagnes : jeunes ouvrières, malades, prostituées, et les condamnés en prison. Puis la congrégation voit grandir le nombre de ses sœurs, et son rayonnement s’étend à l’Afrique (Sénégal, Gambie, Gabon).
La Congrégation avait tout juste 12 ans et ne comptait qu’une quarantaine de membres lorsque l’appel de l’Afrique a retenti dans le cœur d’Émilie. C’est en 1847 qu’Émilie a mûri le projet d’envoyer des Sœurs au Sénégal. En 1848, après un court séjour à Gorée, la première Communauté, riche de 4 Sœurs, s’installera à Dakar. Dès 1849, la mission s’étendra en Gambie puis jusqu’au Gabon. Un seul souci, une seule ambition dans le cœur d‘Émilie et des vaillantes missionnaires : “Aller sans hésiter là où la voix du pauvre nous appelle”. Très vite cette même voix se fera entendre depuis l’Amérique latine.
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