Blue, soit Bleu en anglais, est un petit dauphin qui vit, comme il se doit chez les dauphins, avec sa mère et au sein d’un groupe plus large de dauphins. Il est le héros principal de ce documentaire de Disney pour enfants. Blue est une forme de film-choral avec pour héros des dauphins, des baleines, des orques, des requins, des crustacés, et les très nombreux habitants des récifs coralliens. Blue doit faire son apprentissage de sa future vie de dauphin adulte, indépendant de sa mère par définition ; en attendant, celle-ci, avec beaucoup de pédagogie et de patience, lui apprend tout, du comportement social aux astucieuses techniques de chasse. Les dauphins sont effectivement intelligents. Le film est scénarisé comme une histoire racontée aux enfants. Donc Blue n’est pas vraiment un documentaire, mais plutôt une fable animalière.
Nous comprenons parfaitement que la sensibilité des enfants, même des tout-petits, soit ménagée. Ainsi les dauphins sont certes très joueurs, mais aussi facilement agressifs entre eux, et ce n’est nullement dit ou a fortiori montré ; les orques ne tueront pas le baleineau dans le film, alors qu’elles excellent dans ce mode de chasse et il faut bien que les orques se nourrissent aussi ; l’on ne dira rien de la reproduction, pittoresque, des baleines. Il y a en effet des papas et des mamans baleines, et des baleineaux qui naissent dans les chaudes eaux tropicales, loin de l’habitat habituel de ses mammifères marins gigantesques, les eaux froides confinant à l’Antarctique, où elles chassent les bancs de krill. C’est là un souci normal et louable.
Blue, un des très rares films visibles par toute la famille
Par contre, au-delà de la pauvreté du vocabulaire « scientifique », des données fausses sont transmises, ce qui nous semble gênant du point de vue de la leçon de choses. Blue repose sur une unité de lieu totalement fictive, avec le montage d’images venues du monde entier. Plus grave, l’anthropomorphisme systématique est aussi faux qu’agaçant, car il n’y a pas dans la nature de « familles » de baleines ou de dauphins, mais un lien mère-enfant fort. Sans choquer les enfants, il aurait été bon de le préciser. Ceci nous a semblé même particulièrement troublant à l’heure actuelle où la distinction homme-animal, fondamentale, est devenue trop souvent floue.
Blue a pour qualité majeure de proposer des images superbes. Les cameramen ont effectué un très beau travail, dans les conditions difficiles de la mer, et ont fait preuve d’une patience remarquable. Obtenir autant d’images exploitables est rare. Malgré toutes ses limites, Blue reste un des très rares films visibles par toute la famille, ce qui peut être bien utile un jour de pluie durant les vacances scolaires.
Lu sur RITVhttp://reinformation.tv/documentaire-enfants-blue-film-jovien-83137-2/