Le chroniqueur réac’ revient dans le dernier Spectacle du Monde sur les raisons profondes de l’affaire Buisson :
Buisson avait compris la même chose que le cercle de réflexion socialiste Terra Nova – mais pour en tirer des conclusions diamétralement opposées : le peuple français est devenu réactionnaire : sur les mœurs, la nation, la famille, l’Etat, il en a assez des dérégulations, des déconstructions libérales-libertaires ; il veut le retour de l’ordre, dans la rue et à l’école, comme dans les esprits. Ce besoin d’ordre – qui va jusqu’à l’ordre économique et social bouleversé par le libre-échange mondialisé – est refusé à la fois par le libéralisme économique et par l’héritage libertaire de Mai-68 des mouvements gays, féministes, qui sont de redoutables lobbies auprès des cercles de décisions.
La présidentielle entre Sarkozy et Hollande fut l’affrontement entre Buisson et Terra Nova. Ce dernier a eu raison de proposer une nouvelle coalition autour des jeunes diplômés, des femmes urbaines, et surtout des enfants de l’immigration arabo-africaine. Terra Nova a rempli sa mission : les musulmans votèrent pour Hollande à 96 %. En revanche, Buisson ne put – complètement – remplir la sienne, car une partie de l’électorat populaire – ouvriers et employés – était trop remontée contre un Sarkozy qui n’avait nullement « passé le Karcher », comme il l’avait promis.
(…) Le buissonisme était une anomalie, un fait du prince. Il n’avait pas de racines parmi les notables de l’UMP. Ces jeunes émules de la « Droite forte » ne sont pas assez enracinés dans le parti et trop carriéristes pour imposer durablement leur sensibilité. Buisson n’ignorait nullement que si son champion avait un tempérament bonapartiste, il n’en avait ni la culture idéologique ni la foi patriotique. Jérôme Monod, l’ancien conseiller de Chirac, avait eu un jour cette méchante boutade : « Sarkozy est un immigré hongrois qui voulait se rendre à New York et s’est arrêté par erreur à Paris. » Boutade cruelle, mais pas dénuée de tout fondement. L’attachement sincère de l’ancien président à la France est contrebalancé chez lui par son adoration de l’Amérique et sa fascination pour l’argent des élites mondialisées. Les discours gaulliens de Guaino et les stratégies « maurrassiennes » de Buisson ont toujours eu l’air, chez Sarkozy, d’un rôle d’emprunt.
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