Les candidats à l’ENA sont (très très très) nuls!

C’est un document décapant, qui en dit long sur les profils des candidats au concours d’entrée de la sacro-sainte Ecole nationale d’administration (ENA), la grande école des élites. “Absence de sens critique”, “incapacité à prendre de la hauteur”, “conformisme”… Dans leur rapport des concours de l’année 2015, le premier depuis la réforme du test, les membres du jury, et au premier chef son président, l’énarque Jean-Paul Faugère, font un portrait enrichi à l’uranium de la cuvée 2015.

(…) Non sans humour, le jury passe la traditionnelle tendance au name-dropping (à citer une grande quantité de noms d’auteurs) sur le billot. Alors que les titres ne sont souvent pas lus. “La hiérarchisation des exemples pose question, quand à côté de Locke ou Hume figurent des citations d’Éric Zemmour”, s’amusent les commentateurs.

Du côté des “Questions sociales”, les examinateurs déplorent “la présence de procédés irritants pour le lecteur, tel l’usage de mots-valises (“impacter”, “acteurs”, “systèmes”) pour camoufler l’absence de prise de position. Ou bien l’abus de liens logiques (“en effet”, “donc”) pour créer artificiellement une cohérence entre des analyses ou des propositions disparates”. Vlan.

Autres copies que le jury tance sérieusement, celles des “Questions européennes”. Y est déplorée “une prudence excessive ou une incapacité à prendre de la hauteur face aux questions impliquant une réflexion personnelle.” S’ensuivent une série d’estocades sur la frilosité des aspirants à l’élite : “Les candidats donnent le sentiment de présenter l’Union européenne comme un ordre établi qui ne pourrait être différent. La plupart d’entre eux témoigne d’une absence de sens critique et d’une incapacité ou d’une absence de volonté à imaginer d’autres modes de fonctionnement.”

(…) Résumé des rédacteurs du rapport : “Les membres du jury sont passés par toutes les phases”. Eblouissement, plaisir, mais aussi “consternation devant ceux dont la pauvreté des idées, la faiblesse de l’engagement et du jugement n’égalaient que la volonté de plaire”.

Bouquet final, sur cette même épreuve : “Trop souvent soucieux de ne froisser personne, d’être politiquement corrects, confondant consensus et résultat équilibré, mal à l’aise dès qu’il s’agit d’émettre un jugement, timide face à un quelconque engagement, le candidat moyen semble chercher à ‘passer partout'”. De fait, le jury se montre très dubitatif sur leurs aptitudes à manager, à prendre des risques et des décisions.

Un bilan d’autant plus surprenant pour les 950 candidats que ceux qui tentent de se positionner dans le club sélect de l’ENA sont souvent – sur le plan scolaire – déjà eux-mêmes la crème de la crème de Sciences Po Paris et des IEP…

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