La douleur (Bande-annonce)

La douleur est un drame historique français qui propose une adaptation du célèbre roman, largement autobiographique, de Marguerite Duras (1914-1996). L’évocation générale de l’époque, la France de la fin du printemps 1944 à l’été 1945, est plutôt réussie dans ses décors et son esprit. Quelques détails sont certes discutables, mais l’ensemble sonne juste à notre avis, ce qui est assez rare pour être reconnu. Nous ne rentrerons pas ici dans les polémiques qui s’éternisent depuis 1985, date de la publication du roman autobiographique de Marguerite Duras, au sujet de la véracité des faits rapportés en général, et du comportement précis de tel ou tel acteur du drame, à commencer par l’héroïne, Marguerite Duras elle-même – interprétée avec conviction par Mélanie Thierry. Il est selon nous évident qu’il s’agit d’un roman et non de mémoires, du reste rarement parfaitement honnêtes.
 
La douleur comprend en fait deux grandes parties, voire quasiment deux films, juxtaposées sur plus de deux heures. Elles renvoient à deux époques qui se suivent chronologiquement, mais différent radicalement par leurs atmosphères et leur intérêt pour le spectateur. La première période correspond à l’épisode, historique, du démantèlement des principales organisations de résistance non-communistes à Paris, juste avant la Libération. Les agents français de la police allemande auraient été d’une redoutable efficacité. Peut-être. Mais la question iconoclaste n’est pas posée : pourquoi les résistants communistes n’ont-ils pas été touchés à ce moment crucial, ou bien moins ? Le film ose s’intéresser à l’un de ces agents, Pierre Rabier –interprété par Benoît Maginel, de loin le meilleur jeu masculin du film – avec qui Marguerite Duras, qui cherche à aider son mari résistant arrêté, Robert Anthelme, mène un jeu dangereux et trouble. On laisse deviner un homme d’origine très modeste mais passionné de littérature et d’art, qui a saisi dans la police allemande en France une opportunité d’ascension sociale inespérée. Ces rêves s’effondrent évidemment à la Libération à l’été 1944, et il disparait. Robert Anthelme étant déporté en Allemagne, dans les derniers convois, suit un temps d’attente terrible pour Marguerite.
 

La douleur, une attente et un film interminables

 
Survient donc la deuxième partie du film, une attente interminable, celle du retour du déporté, retour de plus en plus hypothétique au fil des mois, la guerre durant plus longtemps que prévu. Il faut hélas le constater encore une fois : il est quasiment impossible de rendre compte d’une attente interminable en voulant bien la faire sentir, sans rendre le film interminable…En outre, Marguerite est une épouse angoissée, parmi beaucoup d’autres, à l’éthique conjugale tout de même particulière, puisqu’elle se console régulièrement dans les bras de son amant, Dyonis, par ailleurs le meilleur ami du disparu.
 
La douleur aurait beaucoup gagné à résumer la seconde partie à un quart d’heure. Nous aurions alors eu un bon film.
 

Lu sur RITV

Related Articles