Cinéma / Philomena

 Unknown-2

Par Caroline Parmentier

Sortant d’Yves Saint Laurent, j’imaginais m’aérer un brin avec ce voyage signé Stephen Frears (le réalisateur des Liaisons dangereuses et de The Queen) dans l’Irlande des années cinquante. On y suit une mère (étonnante Judi Dench) contrainte d’abandonner son fils à la naissance et qui part à sa recherche. Je vous laisse deviner quel est le principal rebondissement du film… Son fils est gay, obligé de cacher sa séropositivité sous Reagan et finalement meurt du sida. Je dois dire que ne connaissant pas le livre, je ne m’attendais pas à celle-là. Y’en a un peu marre, là. Philomena Lee, encore adolescente, tombe enceinte. Rejetée par sa famille, elle est envoyée au couvent de Roscrea. En compensation des soins prodigués par les religieuses avant et pendant la naissance, elle travaille à la blanchisserie, et n’est autorisée à voir son petit garçon, Anthony, qu’une heure par jour. A l’âge de trois ans, il lui est arraché pour être adopté par des Américains. Pendant des années, Philomena essaiera de le retrouver. Quand, cinquante ans plus tard, elle rencontre Martin Sixmith (Steeve Cogan) journaliste désabusé, elle lui raconte son histoire, et ce dernier la persuade de l’accompagner aux Etats-Unis à la recherche d’Anthony. Adaptée de faits réels tendance trop beaux pour être vrais, l’histoire a de quoi ravir un cinéaste de gauche. A la fois charge contre l’Eglise catholique et passionnément gayfriendly. L’esprit tendancieux de l’ensemble est un peu nuancé par l’excellent tandem des deux brillants acteurs : elle, qui n’a jamais perdu la foi, ignore la haine et ne cherche pas la vengeance, rive son clou au journaliste intello athée et désenchanté qui veut faire rendre gorge aux religieuses et à l’Eglise tout entière. Erreur trop politiquement correcte du scénario toutefois, qui ne colle pas très bien avec la psychologie de Philomena : la découverte de l’homosexualité de son enfant et la rencontre avec son compagnon homo ne déstabilisera pas une seconde cette femme simple et pieuse. Reste la complicité inattendue, teintée de respect et d’admiration, entre les deux personnages antagonistes du journaliste et de la vieille dame qui séduit par sa finesse et son parfait humour anglais.

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