Monseigneur Cattenoz est archevêque d’Avignon. Il a répondu aux Nouvelles de France sur la question du « mariage » homosexuel qui provoque de nombreux débats et contre lequel l’Eglise catholique a fermement pris position.
Que pensez-vous des manifestations organisées contre le projet de loi de « mariage et d’adoption pour tous » ?
J’invite tous les baptisés et citoyens à manifester à la « manif pour tous » du 17 novembre. Il faut que tous ceux qui sont conscients que ce sujet est d’une importance fondamentale pour notre société se mobilisent. Je leur recommande de faire connaître leur opposition à leurs députés, aux élus, par tous les moyens qui leur semblent bons.
Serez-vous présent à cette manifestation ?
Je ne pourrai moi-même m’y rendre mais, en revanche, je me rendrai bien volontiers, ou du moins tacherais-je de le faire, à la manifestation (« à contre-courant », ndlr) prévue en janvier prochain.
Qu’avez-vous pensez des critiques à l’encontre du cardinal Vingt-Trois émanant notamment de la majorité socialiste ?
Le gouvernement cherche à enfermer l’Eglise dans une posture qui consiste à donner son point de vue mais à le laisser gouverner sans broncher. Ce que les gens doivent comprendre c’est que c’est en tant que citoyens que le cardinal Vingt-Trois et les évêques prennent la parole. Ils le font comme n’importe quel citoyen et s’adressent à tous même si évidemment nous le faisons également en tant que chrétiens. Il en va de même pour le Grand rabbin qui s’adresse à tous le monde et c’est bien normal car il s’agit d’un problème anthropologique fondamental.
Le cardinal Barbarin a fait référence à « l’inceste » et « la polygamie » comme conséquences possibles de ce projet de loi. Quel est votre opinion sur ce sujet ?
Si on fait tomber la barrière qui consiste à être un homme et une femme pour avoir un enfant et fonder une famille, on touche à un pilier de la société. Dès lors, il est à craindre des dérives telles que celles qu’a citées le cardinal Barbarin.
Pensez-vous que le projet de loi ait une chance d’être retiré ?
Je ne suis pas devin mais ce que je sais, c’est que j’ai le devoir de dire ce que je pense en tant que citoyen et évêque. Si nous assistons à un raz-de-marée contre ce projet, je suis persuadé qu’il y a de l’espoir.
La loi impose aux catholiques de se marier à la mairie avant de se marier à l’Eglise, pensez-vous respecter cette obligation légale à l’avenir si le « mariage » homosexuel était adopté ?
Je me pose franchement la question de la nécessité de passer devant Monsieur le maire. Aujourd’hui cette loi apparaît totalement obsolète. Je comprendrais tout à fait les chrétiens qui ne se reconnaitraient pas dans cette loi.
Vous-même, accepteriez-vous de célébrer un mariage qui ne serait pas préalablement reconnu civilement ?
Vous savez, l’Eglise, pour diverses raisons, a la possibilité de célébrer des mariages secrets. Un jour nous devrons dire à l’Etat que nous nous pourrons plus nous appuyer sur une loi qui date d’un autre siècle. Très franchement, je crois que l’Eglise n’est pas en retard comme on essaie de nous le faire croire, au contraire, elle est en avance sur ces questions et l’on finira par le reconnaître.
Les évêques semblent unanimes contre le projet de loi.
C’est le moins que l’on puisse dire, « le « mariage pour tous » aura au moins uni les évêques », m’a-t-on dit récemment.
Lire aussi :
> Mgr Rey : « Un référendum doit être organisé » sur la question du « mariage » homosexuel
25 Comments
Comments are closed.