Avant que Diane de Poitiers ne fasse du château d’Anet un écrin digne de sa beauté, Anet, aux marches de la Normandie, avait connu deux châteaux. Un château fort, d’abord, construit au XIIe siècle. C’est de là que Philippe-Auguste partit conquérir la Normandie (l’Eure était la frontière entre les deux royaumes). Il fut rasé par Charles V à la suite de la révolte de Charles le Mauvais (1378).
Le second, un manoir de pierre et de brique, avait été édifié par Jacques de Brézé, Grand Sénéchal de Normandie et seigneur d’Anet. Ce Brézé avait épousé Charlotte de France, fille de Charles VII et d’Agnès Sorel et sœur consanguine de Louis XI.
Diane, qui descendait de la famille souveraine des comtes de Poitiers (leur fief étant dans la Drôme), épousa Louis de Brézé, de plusieurs années son aîné. A sa mort, en 1531, elle devint la maîtresse d’Henri II (qui avait quinze ans de moins qu’elle). Avec l’argent du roi, le talent de Philibert Delorme et un grand sens du Beau, Diane, Grand’Sénéchale de par l’héritage de son défunt mari, va transformer entièrement la vieille et triste demeure. Il n’en reste aujourd’hui qu’un tiers, le reste ayant été pillé et détruit par les révolutionnaires (qui profanèrent son tombeau).
Sur l’horloge (heureusement préservée des iconoclastes) de la façade, on lit une inscription latine : Cur Diana oculis labentes subjectis hora ? Ut sapere adversis moneat, felicibus uti (« Diane voit fuir l’heure et dit aux cœurs blessés : Espérez, elle vient. Aux heureux : Jouissez. »)
Château de Diane de Poitiers, rue du Château, Anet (Eure-et-Loire).
Alain Sanders – Présent