Hubert Robert passe pour le peintre des ruines. Or il a peint des ruines, certes, mais il a peint aussi l’inverse : ce qu’on appelle des « fabriques » (obélisques, ponts, temples…), ces faux monuments tout neufs placés dans la nature par de riches propriétaires. Ce fut un grand bâtisseur ! ll a construit la laiterie de Rambouillet, il a construit un château néo-médiéval à Betz (Oise), le pont et la cascade de Méréville (Essonne) et, à La Roche-Guyon (aujourd’hui Val d’Oise), au lieu de laisser en ruine le donjon qui domine la Seine, ce qui plairait aujourd’hui aux passionnés de Moyen Age, il l’a restauré et doté d’un porche néo-grec pour en faire l’aboutissement des jardins qu’il réaménagea « à l’anglaise ».
A La Roche-Guyon, lieu mythique encore au XIXe siècle, se sont promenés, après les Choiseul et les Turgot, le jeune Dupanloup qui y trouva sa vocation en servant la messe de l’abbé-duc de Rohan, Lamartine qui chanta La Semaine Sainte à La Roche-Guyon dans ses Méditations poétiques, Hugo, Lacordaire… Celui-ci trouvait « magnifiques » l’escalier, la salle d’armes et le salon ; Dupanloup préférait les arbres dans la splendeur de l’automne ; tous ont été impressionnés par la chapelle creusée dans le roc, qui date, écrit Hugo, « des premiers apôtres de la foi dans les Gaules »…
Aujourd’hui, Hubert Robert (1733-1808) est de retour ! Près de 70 œuvres (toiles, dessins, gravures), certaines peu connues (issues de collections privées), sont présentées au public ; le dimanche, le parc est ouvert et l’on peut bénéficier d’une visite guidée. Il y a aussi un potager. C’est ouvert tous les jours de 10 heures à 17 heures (parfois un peu plus tard). Le billet le plus cher est à 8 euros ; gratuit pour les moins de six ans. Le catalogue de l’exposition (« Hubert Robert et la fabrique des jardins ») est à 29 euros.
- Jusqu’au 26 novembre (colloque le 18). Tél. 01 34 79 74 42 (chateaudelarocheguyon.fr).
Tableau en Une
La Roche-Guyon vue par H. Robert.