En septembre 2014, l’État confie à Tobie Nathan le suivi d’une cinquantaine de jeunes radicalisés. Un an et demi plus tard, il rend un rapport, mais veut poursuivre la réflexion. Un livre est nécessaire. Trop de bêtises sont colportées, trop d’idéologies brandies, trop de fausses réponses apportées. Qu’on pense à l’échec des centres dits de « déradicalisation ». Ou au célèbre « expliquer, c’est déjà excuser » de Manuel Valls. Tobie Nathan n’apporte ni recettes ni certitudes, mais pose la seule question qui vaille : comment notre société peut-elle enfanter ces monstres, nos doubles grimaçants ?
Quarante ans passés auprès des migrants, trois ans de consultations pour les jeunes radicalisés. Peu d’intellectuels ont pu les approcher aussi intimement. Tobie Nathan a mis à profit l’expérience d’une vie pour sonder ces « âmes errantes », comme il les appelle tendrement. Et baliser pour elles « un éventuel chemin de retour ».
Plus encore ! Il les approche « en frère ». Lui, le Juif, le migrant, l’enfant des cités, le révolté de Mai-68, se retrouve dans cette jeunesse d’aujourd’hui, engagée, combattive, sûre de ses idéaux et de leur place dans l’Histoire.