Agnès Sorel (1422 -1450) – La Dame de Beauté…

Enclin à la tristesse, le roi Charles VII, justement surnommé le Bien Servi, a bénéficié dans sa jeunesse de l’aide de Jeanne d’Arc. Quinze ans plus tard, dans sa maturité, il a trouvé le réconfort dans les bras d’une autre jeune fille, de vingt ans plus jeune que lui, Agnès Sorel.

Née près de Tours, à Fromenteau, vers 1422, Agnès devient à 17 ans fille d’honneur d’Isabelle de Lorraine, épouse de René d’Anjou. Belle et au demeurant peu farouche, comme l’attestent ses portraits par le célèbre peintre Jean Fouquet, elle passe au service de la reine Marie d’Anjou et cède aux avances de Charles VII (40 ans) en 1444.

SorelAgnesmicroLa première maîtresse royale

Agnès Sorel prend très vite rang de première dame du royaume devant la reine et tient pour la première fois en France le rôle officiel de maîtresse royale. Sûre de ses charmes, elle se maquille avec art, se couvre de bijoux et se pare de vêtements plus beaux que n’en a la reine elle-même. Elle n’hésite pas à choquer la Cour en mettant en avant ses avantages dans des robes « aux ouvertures de par-devant par lesquelles on voit les tétons » (d’après le chancelier Jean Jouvenel).

Soucieuse de son rang, Agnès Sorel s’entoure d’amis influents comme le marchand et financier Jacques Coeur et le sénéchal de Normandie Pierre de Brézé. Agnès se montre au demeurant de bon conseil auprès du roi et l’encourage en particulier dans la lutte contre les Anglais.

Charles VII l’honore en lui accordant de somptueux cadeaux. Outre des bijoux, elle reçoit le domaine de Loches, sur les bords de l’Indre, puis le château de Beauté-sur-Marne (sur la commune actuelle de Nogent-sur-Marne), ce qui, dit-on, lui permit de la complimenter en lui disant : « Vous êtes deux fois ma Dame de Beauté ».

Si le château de Beauté est aujourd’hui disparu, il n’en va pas de même de la cité de Loches, qui conserve avec fierté le souvenir d’Agnès dans le logis royal. Le donjon voisin, massif et sombre, a été transformé en prison d’Etat par Louis XI, fils de Charles VII et l’est demeuré jusqu’en 1926.

Le Dauphin, qui est du même âge que la favorite, figure parmi ses opposants les plus déterminés. Impatient de monter sur le trône, il la jalouse tout autant qu’il appréhende la naissance d’un frère cadet, Charles, susceptible de lui voler la place.

Un jour de 1446, n’y tenant plus, il sort son épée du fourreau et poursuit Agnès Sorel jusque dans la chambre royale. Cela lui vaut d’être exilé par Charles VII dans son apanage du Dauphiné. C’est le début d’un affrontement haineux entre le père et le fils qui ne cessera qu’avec la mort du premier.

AgnesSorelFatale grossesse

En sept ans, Agnès Sorel donne trois filles à Charles VII. Elles sont légitimées sous le nom de Valois et les deux survivantes seront plus tard mariées à de grands seigneurs dont le fils de Pierre de Brézé (leur fils épousera lui-même Diane de Poitiers, qui deviendra la maîtresse d’Henri II).

Une quatrième grossesse est fatale à la jeune femme. Elle meurt le 9 février 1450 sur la route de l’abbaye de Jumièges (Normandie), en allant rejoindre le roi à la guerre, alors qu’elle est sur le point d’accoucher, soit qu’elle veuille prévenir le souverain d’un complot contre sa vie, soit qu’elle veuille éloigner de son amant une rivale, sa propre cousine et dame de compagnie Antoinette de Maignelais.

Le bruit court qu’elle aurait été empoisonnée mais rien n’est jamais venu le confirmer. Les analyses pratiquées en 2005 sur sa dépouille ont révélé des traces de substances toxiques (mercure) sans qu’il soit possible d’affirmer si elles étaient d’origine criminelle ou dues aux remèdes qui lui ont été administrés… Elle souffrait en effet d’une infection parasitaire que l’on traitait alors couramment au mercure. Ce produit, mortel à haute dose, était également utilisé pour soulager les femmes enceintes.

Charles VII, désespéré par la mort de sa maîtresse, fait inhumer son coeur dans un mausolée au coeur de l’abbaye de Jumièges, aujourd’hui disparu, et son corps dans la collégiale Saint-Ours, à Loches. Profané à la Révolution, son tombeau a retrouvé en 2005 sa place dans une nef latérale de cette belle église romane.

Related Articles