A rebrousse-poil des grandes stations nationales, RTL, France Inter, Europe 1 ou même RMC, marquées par leur tropisme parisien, Sud Radio tente de bâtir son ADN de voix des territoires oubliés et du pays réel.
La rentrée 2017 marque l’an I de Sud Radio. La station dirigée par Patrick Roger est désormais dotée d’une grille complète et diversifiée. Elle s’offre même plusieurs têtes d’affiche comme chroniqueurs, telles Henri Guaino, Natacha Polony et André Bercoff. Des voix libres pour une radio qui a opportunément décidé de surfer sur la désaffection du public vis-à-vis des grands médias. A l’instar de la presse écrite et de la télévision, les grandes stations, d’Europe 1 à France Inter, n’y échappent pas. En ligne de mire, une information souvent parisiano-parisienne, orientée politiquement, bref déconnectée des vrais gens. Sud Radio propose ainsi plusieurs émissions poil à gratter et sans concession.
D’autre part, elle traite de thématiques le plus souvent occultées par les autres stations comme le vin, le made in France ou encore les animaux. Enfin, Sud Radio reste fidèle à ses origines toulousaines. Le rugby y est à l’honneur avec des séquences qui lui sont consacrées tous les week-end, animées par les anciens joueurs du XV de France, François Trillo et Daniel Herrero.
Reprise en 2013 par le groupe d’expertise comptable lyonnais Fiducial, Sud Radio revient de loin. La station installée depuis 2015 dans le XVIe arrondissement parisien, non loin de la Maison de la radio, a été entièrement réorganisée. Depuis Toulouse, elle faisait le service minimum avec son précédent actionnaire, les laboratoires Pierre Fabre, sans grilles ni programmes réellement structurés. Fiducial (1,4 milliard d’euros de recettes en 2016), dont le président Christian Latouche est considéré comme un proche de Marine Le Pen, lui donne désormais les moyens de se développer. Sud Radio compte notamment sur le relais des autres médias du groupe, notamment le mensuel Lyon Capitale et le site Le Lanceur, pour faire jouer les synergies et gagner en audience. En 2016, celle de Sud Radio n’a pas dépassé 250 000 auditeurs par jour, selon les mesures effectuées par Mediamétrie, soit 0,6 % au plan national. Des chiffres que conteste Sud Radio qui a déposé un recours contre l’organisme d’études et de mesures. Même si l’écoute de la radio s’effectue de plus en plus à partir d’applications sur smartphones, le manque de fréquences sur le territoire – 70 au lieu de 350 pour les grandes stations – handicape Sud Radio. Du coup, Fiducial compte également sur les vecteurs numériques pour développer la notoriété et donc les recettes de sa marque média.