Avec les Casques blancs, on voit l’élimination des institutions étatiques en Syrie et l’implantation d’un Etat fantôme, soutenu par Londres et Washington, selon Vanessa Beeley*, chercheuse et journaliste indépendante.
Les Casques blancs en Syrie était pressentis pour le prix Nobel de la paix 2016, faisant les gros titres comme «des héros de la paix», avec médias et hommes politiques les appuyant.
RT : Les Casques blancs se disent être une «ONG neutre, impartiale et humanitaire». Est-ce vraiment le cas ?
Vanessa Beeley (V. B.) : Cette déclaration n’est aucunement légitime. Prenons l’affirmation que c’est «neutre». Ils proclament qu’ils ne reçoivent pas de financement de gouvernements ayant un intérêt direct dans le conflit syrien. En réalité, ils reçoivent des millions, selon une estimation prudente, 100 millions de dollars des Etats-Unis, 23 millions via l’USAID ; de la Grande Bretagne 65 millions environ – au début c’était 19,7 millions de livres sterling, et Boris Johnson a annoncé encore 32 millions. La France fournit les équipements. [On trouve aussi] le Danemark, les Pays-Bas et même le Japon, par l’intermédiaire de l’agence internationale au Japon.
Il est alors très difficile de comprendre comment cette organisation peut être décrite comme n’étant pas affiliée aux organismes gouvernementaux qui ont un intérêt, et un intérêt bien connu et déclaré, dans le changement de régime en Syrie. Ensuite, si on considère leur prétendue neutralité : ils sont entièrement incorporés dans les régions contrôlées par les terroristes, soit principalement par Al-Nosra, Daesh, ou tout autre brigade associée aux terroristes dirigés par le Front Al-Nosra. C’est là que se trouvent exclusivement les Casques blancs.
Il y a d’innombrables preuves vidéo et photo provenant de l’intérieur de la Syrie, qu’ils dirigent un groupe de soutien terroriste. Ils fournissent des soins médicaux aux terroristes, ils acheminent les équipements par la Turquie dans les régions terroristes […]. Ils ont été filmés participant à l’exécution d’un civil à Alep. Ils diffusent des vidéos, sur leurs pages dans les réseaux sociaux, des exécutions de soldats et de civils arabes. Selon le témoignage de la Défense civile syrienne, ils ont aussi été impliqués dans la prise de contrôle de ses unités, dans le vol de leurs équipements et dans d’éventuels massacres et enlèvements d’équipes.
Il est fréquent que les chefs des groupes terroristes ou de groupes douteux soient accueillis aux Etats-Unis
RT : Qui en exactement les leaders et les membres ?
V. B. : Si l’on considère les leaders, ils ont été deux éminents manifestants antigouvernementaux […] Raed Saleh a été expulsé des Etats-Unis en avril 2016, de l’aéroport Dulles. Et Mark Toner a évité les questions concernant les raisons de son expulsion et la manière dont il a été expulsé, alors que les Etats-Unis donnent 23 millions à cette organisation. Il a en fin de compte dit [qu’il avait été expulsé] «à cause de relations avec les extrémistes». Nous savons que Raed Saleh, a été autorisé à se rendre à New York en septembre, mais aussi aux Nations unies, où il a rencontré avec le secrétaire d’Etat John Kerry. Mais ce n’est la première fois que les Etats-Unis ont autorisé les chefs de factions terroristes à entrer dans le pays. Labib Al Nahhas, qui a reçu cette autorisation en décembre 2015, étant un leader d’Ahrar Al-Sham. Il est fréquent que les chefs des groupes terroristes ou de groupes douteux soient accueillis aux Etats-Unis. L’entraîneur des Casques blancs, ce qui est très important, est l’ancien contractant militaire privé britannique, James le Mesurier, décoré d’un OBE [Order of the British Empire] en juin 2016 par le gouvernement britannique. Si on jette un coup d’œil sur sa carrière et sur ses connexions, il a des relations avec les organisations, les sociétés privées de sécurité, telles que Blackwater, maintenant appelée Academi, qui était, en fait, comme on se souvient, une organisation en charge des assassinats de la CIA, qui avait vu des millions lui être infusés par le président Bush, et même par le président Obama qui leur a donné plus de 250 millions de dollars pour qu’ils continuent d’assumer le rôle d’experts en assassinats pour la CIA.
RT : On désigne souvent les Casques blancs comme la «Défense civile syrienne». Est-ce que c’est la même chose ?
V. B. : C’est une utilisation de droits d’auteur tout à fait criminelle et illégale. La réelle défense civile existe en Syrie depuis 63 ans ; les Casques blancs existent depuis trois ans – ils ont été fondés en 2013. Ce que nous voyons ici, c’est l’éradication des institutions gouvernementales syriennes et l’implantation d’un Etat fantôme en Syrie, principalement par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis et avec le soutien des gouvernements européens.
-
Vanessa Beeley est journaliste, écrivain, photographe, militante de paix, membre du Syria Solidarity Movement et fondatrice de Sir Harold Beeley Trust et de The Wall Will Fall.