Le gouverneur militaire de la région lyonnaise s’est souvenu que Lyon avait été la capitale des soyeux, des canuts (les ouvriers tisserands) et des dessinateurs sur soie. Le XVIIIe siècle et les débuts du XIXe, jusqu’aux révoltes des canuts des années 1830, ont été l’âge d’or de cette industrie, qui occupait plus de 100 000 personnes à Lyon. Organiser une exposition sur les uniformes militaires, à travers le temps, c’est renouer un peu avec ce passé prestigieux.
Au site de La Sucrière, il est possible de visiter, jusqu’à fin novembre, une belle exposition consacrée à « L’épopée des uniformes militaires français ». 400 pièces, provenant de 12 musées, sont présentées au public, permettant de faire revivre l’évolution des tenues.
Longtemps, l’uniforme privilégiait l’image : il fallait frapper les imaginations, impressionner l’adversaire, donner un sentiment de puissance… plaire aux dames, accessoirement. C’est l’époque des épaules carrées, des bottes, des tresses et des fourragères, des brandebourgs et des coiffes magnifiques. C’est le port du pantalon rouge garance qui, sous Charles X et pendant plus d’un siècle, va caractériser le « pioupiou ».
Mais la guerre moderne vient bouleverser ce concept. Les morts de 1914 et 1915 furent souvent d’abord victimes de leur uniforme, bien trop voyant. Un tournant s’opère alors : l’uniforme doit permettre au soldat de se fondre dans le paysage, d’échapper au regard de l’adversaire. C’est l’apparition de l’uniforme « bleu horizon », qui donnera aussi son nom à la chambre (de droite) des députés de l’après-guerre ; puis c’est l’évolution vers les tenues couleur terre et, plus tard, les tenues camouflées des guerres d’Indochine et d’Algérie.
L’exposition montre aussi l’influence de l’uniforme militaire sur la mode : sarouel, chéchia, des passerelles existent, d’autant que les grands couturiers sont sollicités pour créer les nouveaux uniformes militaires, du moins ceux de la tenue dite F1, celle des défilés et des cérémonies importantes. Car, pour ce qui concerne les tenues de combat, c’est la technologie qui a pris le pas : l’uniforme est devenu « intelligent », mais l’esthétique, « l’allure martiale », n’ont plus grand-chose à y voir.
L’exposition a lieu à La Sucrière, 50 quai Rambaud à Lyon (2e). Jusqu’au dimanche 27 novembre. Entrée libre.
Francis Bergeron – Présent