Un enseignant sur deux a une assurance “spécial profs”, révèle Le Parisien. Ils sont de plus en plus nombreux à faire ce choix: le nombre de souscriptions a augmenté de 2,7% entre 2011 et 2014.
Contre les risques d’agressions, d’insultes ou encore d’accusations de maltraitance, les profs s’assurent de plus en plus souvent. Au total, 461.000 enseignants, soit plus d’un sur deux, ont pris cette année une assurance “spécial profs”, révèle Le Parisien. Et ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers ce type de formule: les souscriptions à ces contrats spécifiques ont enregistré 2,7% d’augmentation entre 2011 et 2014.
Qu’on parle de conseils échangés en salle des profs, voire d’incitations de la part de la direction de l’établissement, la proportion est encore plus élevée dans certaines académies réputées difficiles, comme en Seine-Saint-Denis (+18,2% de nouveaux contrats entre 2011 et 2014).
Ce type d’assurance spécifique, commercialisé par La Maif et les Autonomes de Solidarité laïques (ASL) sous le nom “offre métiers de l’éducation” pour quelque 34,90 à 39 euros par an, propose un accompagnement juridique en cas d’incident (prise en charge des frais et des honoraires d’avocat notamment), des conseils, une protection des dommages corporels, un soutien psychologique et moral…
Insultes, menaces et agressions
Comment expliquer ce succès? En premier lieu parce que les enseignants sont plus touchés par la violence au travail que les autres professions. Selon une enquête de l’Insee entre 2007 et 2013, ils ne sont pas victimes de plus de violences physiques, mais doivent faire face à plus de menaces et d’insultes: sur un an, 6% ont déclaré avoir été menacés une fois et 16% insultés, contre 4% et 12% en moyenne dans les autres corps de métiers. Dans le détail, les personnels de direction sont les plus touchés au sein de l’Education nationale (16,3%), devant les enseignants du second degré (12,5%) et les professeurs des écoles (10,1%).
Les insultes ou menaces de la part d’un élève ou d’un parent représentent d’ailleurs 36% des 9.000 dossiers gérés chaque année par la Maif ou les ASL, indique Le Parisien, et les affaires de diffamation 32%.
“On constate une montée réelle des agressions émanant des parents d’élèves”, souligne aussi Georges Fotinos, auteur en 2014 d’une enquête sur la violence visant les personnels des établissements.
“Le plus fréquent, c’est le harcèlement. Ils (les profs) sont harcelés majoritairement par les parents, qui procèdent à des visites régulières, qui menacent verbalement ou par écrit de représailles par rapport, notamment, aux notes, qui envoient des lettres sous forme de dénonciations mensongères à l’inspection d’académie”, explique ce spécialiste de la violence à l’école, notant toutefois que “les agressions physiques restent rares”.
Si autant de profs souscrivent à cette assurance, c’est aussi pour se sentir moins seuls face aux risques liés à l’exercice de leur métier, alors que l’Education nationale ouvre peu de dossiers pour défendre ses fonctionnaires mis en cause, souligne d’autre part Le Parisien.
Mais la recrudescence des incivilités n’est pas la seule explication. C’est aussi le reflet d’une “tendance de fond, qui est la judiciarisation de la société”, explique Jacques Dureux, responsable produits à la Maif. “Avant, on réglait les choses à l’amiable, plus maintenant.”